C - L'IN A PORTÉE DE MAIN ?
Pendant ces semaines décisives, le Parti communiste fait le forcing. Il n'y a aucune raison de croire que le but recherché en priorité soit autre chose que la Libération la plus rapide possible du territoire par des forces françaises. C'est bien ainsi que les résistants de sa base conçoivent leur tâche, étant entendu que la Libération ne se limite pas, pour eux, à son aspect militaire. Mais ils ne sont pas les seuls dans ce cas.
Dans cette période de lutte ouverte, la stratégie offensive sur tous les fronts porte ses fruits. Elle permet aux communistes, par le biais des organisations qu'ils contrôlent, d'accentuer leur avantage sur le terrain. Ils ont souvent l'initiative et la proportion des actions que l'on peut attribuer aux organisations qui en dépendent ne fait que traduire leur domination sur ce plan. Le rapport de force au sein de la Résistance continue à se modifier en leur faveur. Reste à le traduire d'un point de vue politique, donc dans les institutions de la Résistance et dans la population.
1 - Chassé-croisé interrégional
L'encadrement communiste régional et interrégional a un avantage sur ses partenaires-concurrents politiques du MLN. Il échappe, pour l'essentiel, à la répression qui fait chez ces derniers des coupes sombres. Cette stabilité n'est pas que le fruit du hasard. Elle tient aussi à l'obsession de la sécurité dont l'appareil fait preuve, à la complexité des structures mises en place et à l'enracinement populaire acquis. C'est un atout politique précieux dans les Basses-Alpes en particulier, mais aussi dans le Var où la seule modification importante concerne la direction régionale des FTPF. Compte tenu de leur place dans l'action à ce moment-là et de leur relative faiblesse dans l'interrégion, les FTP constituent de ce point de vue le maillon faible de l'organisation, sans que les “ chutes ” parviennent cependant à désorganiser l'appareil.
Dans le Var, peu après le 10 juin, le CER Guy est remplacé par un jeune employé des PTT de Marseille, Raymond Ouvrard Colbert. Cette mutation, prévue depuis plusieurs semaines, est suivie, quelque temps après par le remplacement, plus difficile, du TR, arrêté à Nice avec son agent de liaison. On ne lui trouvera un successeur, Georges Pagès Benazet, ouvrier de l'arsenal de Toulon, ancien sous-officier, que peu avant la Libération. L'arrestation du TR a conduit à préparer la mutation des deux autres responsables du triangle régional niçois. Mais il s'avère, au bout de quelques jours, que ce changement est inutile, le TR ayant gardé une attitude digne de confiance. Cependant, sur l'insistance des cadres, le COR Vautrin Brunet est quand même muté à Nice, au début juillet, et il est remplacé par André Claverie Jean-Paul, commandant du sous-secteur d'Aix-en-Provence, frère du “ cadre ” régional. Arrivé le 10 juillet dans le Var, cet ancien du groupe d'Alphonse Dumay (GF des MUR et SOE) a une expérience de l'action certaine. Son sous-secteur est l'un des plus puissant de l'interrégion, mais sa forte personnalité n'a guère le temps de s'exprimer dans le Var. Il lui faut d'abord passer plusieurs jours à prendre la mesure des forces disponibles et la situation se complique avec le retour inopiné de Vautrin, obligé de partir de Nice après une rafle. Il y a un moment problème de répartition des responsabilités. Finalement, Claverie est maintenu comme COR, tandis que Vautrin est nommé CO du deuxième sous-secteur en remplacement de Chabert Jansaud, lui-même envoyé dans les Alpes-Maritimes. Mais l'on est déjà à la veille du débarquement.
Les relations entre le Parti et les FTPF restent empreintes de méfiance au niveau régional. Le fait n'est pas propre au Var, mais il s'exprime là de plusieurs façons. Le Parti exerce une attention vigilante aux ordres qui sont donnés au CMR au point, par exemple, de confisquer, pour examen, la note du COIR interdisant à Vautrin de participer lui-même à l'action... Les possibilités d'armement que donnent les parachutages de l'Est-Varois sont curieusement sous le contrôle de l'appareil politique (sans doute parce que les communistes membres de la SAP n'ont pas été versés aux FTP). Plus importante est la persistance du désaccord sur la place à accorder à Toulon dans la stratégie militaire. Depuis mai, le CMR réclame la possibilité de quitter la ville et de se rapprocher de l'essentiel de ses forces qui se trouvent dans l'Est et le Nord du département. Le Parti s'y oppose, ne voulant pas faire de Toulon un cas particulier, exclu de l'insurrection nationale. Par contre, l'état-major FTP ne croit guère à sa possibilité là, tant la ville est désertée et tant ses forces sont faibles par rapport aux nombreux occupants. Il y a visiblement hésitation tout au long de la période sur l'attitude à prendre vis-à-vis de Toulon. L'abandon paraît s'imposer au début juillet, puisque le détachement FTP-MOI est envoyé près de Brignoles pour pouvoir intervenir plus facilement sur Marseille. Au mois d'août encore, les renforts aixois que Claverie fait venir sont d'abord envoyés dans le Haut-Var, au camp Robert. L'un des leurs, André Chieusse, doit en être le nouveau CO. Ils arrivent par petits paquets, après le 5 août, et jusqu'à l'attaque tragique du 11 août, à Sainte-Croix. Ordre leur est alors donné de se porter sur Toulon. On peut donc supposer que l'on a reconsidéré la question et que l'on vient de se décider à regarnir la ville pour la faire participer au mouvement insurrectionnel.
La situation toulonnaise n'est pas l'unique source d'inquiétude du commandement FTPF interrégional. Seules les Basses-Alpes lui donnent toute satisfaction. Le Vaucluse connaît des problèmes, car l'organisation du Parti et celle des FTP ne se recoupent toujours pas. Le CMR des Alpes-Maritimes a dû être remanié. Mais le plus gros point noir reste Marseille. Pour encadrer la manifestation du 14 juillet, les FTPF ne doivent-ils pas recourir aux Aixois ? À Marseille comme dans le Var, les Milices Patriotiques ne peuvent suppléer aux difficultés des FTP.
Pour renforcer une organisation qui n'est donc pas sans lacunes et qui manque cruellement de cadres (autre motif d'accrochage avec le Parti), on puise dans la JC de toute la région et l'on mute des éléments pour combler des zones de faiblesses. C'est ainsi que de jeunes Varois ou des maquisards (comme le CE du détachement Battaglia) sont alors envoyés dans l'inquiétante métropole provençale. Ce chassé-croisé permet de mesurer la maîtrise acquise par l'organisation, malgré les événements, et principalement par sa colonne vertébrale, le service “ cadre ”. Il témoigne autant du débat stratégique que de la topographie régionale de l'organisation FTP avec ses points forts et ses points faibles qui ne sont pas toujours situés là où on les attend : Aix, réservoir d'hommes ! Marseille et Toulon, zones de faiblesse ! Il y a là de quoi dérouter !
Comment préparer l'IN dans ces conditions ?
“ Les résultats de fin de mois sont là et je n'ai guère de raison d'être satisfait. Malgré de nets progrès réalisés dans certaines régions nous sommes encore loin de tout ce que l'on pourrait et que l'on devrait réaliser. Dans la période actuelle nous devrions être organisés solidement, les cadres devraient être mis en place partout, les mots d'ordre connus de tous, les problèmes d'organisation étudiés et résolus, or, en vérité, il faut dire que pour quelques régions nous n'en sommes encore qu'au stade de l'organisation, tel pour la E1 et la E2 (Bouches-du-Rhône et Vaucluse)
Malgré le développement des opérations dans le Var, nos camarades ne sont pas arrivés à créer un courant de masse propice à de futurs événements. ”
Car tel est bien le but, créer les conditions et assurer la réussite de cette IN, toujours imminente et toujours reculée. Mais, si la place des FTP doit être déterminante dans ce processus, ils ne sont qu'un maillon de la Résistance communiste. Elle compte aussi sur d'autres forces pour y parvenir. Une partie de ses espoirs repose sur la CGT en plein essor, malgré les nombreux départs qui touchent la région toulonnaise et qui affectent même des responsables, en dépit des consignes. C'est ainsi que le triangle syndical doit être remanié par André Lunet après le départ de Vidal, en juin. Joseph Bessone le remplace comme délégué au CDL Avec lui, et bien que la situation soit toujours bloquée, arrive Etienne Luciano, de Draguignan, désigné comme représentant du PCF au CDL en remplacement de Guès. Ce changement est significatif, dans la mesure où il s'agit d'un relatif durcissement, Luciano étant un vrai responsable politique.
2 - L'IN, succédané du “ Grand Soir ”
Commencée en mai 1944, la première offensive pré-insurrectionnelle a préparé et s'est confondue avec le soulèvement général provoqué par le débarquement en Normandie. La tentative s'est prolongée les jours suivants avec, sans doute, la volonté de profiter de la mobilisation et de lui offrir une alternative qui ne soit pas la rentrée au bercail. Cette phase est déjà caractérisée par l'utilisation de l'action de masse et de l'action armée, celle-ci, vu les circonstances ayant pris le pas sur celle-là. Mais les résultats n'ont pas été à la hauteur des objectifs. L'organisation reprend son souffle à la mi-juin.
Grâce à la cohérence de leur ligne qui est la seule à associer les diverses formes de lutte, grâce à la combativité exemplaire de leurs militants engagés dans les FTP ou dans les syndicats, le bilan est malgré tout positif, même dans l'interrégion. Le relatif échec stratégique est transformé en succès politique. Les communistes enregistrent de nouveaux progrès, au moins par rapport à leurs partenaires-concurrents. Refusant d'abandonner la ville et présents au maquis, prônant l'action immédiate, ils ne se privent pas de critiquer tant “ les capitaines d'aventure ” qui ont “ déserté ” les villes (en montant au maquis) que les “ attentistes ” qui ont démobilisé leurs maquis. La Marseillaise, organe du FN région provençale, du 20 juin (n°7) plaque sur les uns et les autres l'infamante accusation d'attentisme que ses rédacteurs considèrent comme le “ masque de la trahison ”. Un tract de la région varoise du PCF appelle à préparer l'IN et donne en exemple “ les patriotes d'Aups ”, héritiers des républicains de 1851, qui ont montré la voie à suivre. Malgré la vigueur des critiques, la ligne reste unitaire. Tous les documents insistent pour que les états-majors locaux établissent une liaison solide avec le commandement FFI L'Ordre du jour du Haut commandement des F.T.P.F. zone Sud n°2, du 20 juin 1944, (répandu à la fin juin) fait même obligation aux CMR de désigner des délégués auprès d'eux. Il est repris par France d'Abord (zone Sud) de juin 1944 - répandu fin juin-début juillet - où l'on n'oublie pas d'écrire que l'on compte “ sur l'aide directe de nos alliés anglo-américains, comme sur l'aide du Gouvernement Provisoire de la République ”, sans qu'il faille, bien entendu, tout attendre du ciel. Le COIR ne manque pas de faire comprendre cette attitude à ses cadres régionaux et va jusqu'à changer le délégué FTP auprès des FFI des Bouches-du-Rhône parce qu'il “ tient des propos nettement hostiles avec l'esprit de la Résistance ”.
Il s'agit d'associer les autres forces FFI aux actions que les FTP entreprennent et de les intégrer dans la stratégie globale d'IN Il faut marquer des points sur le plan politique et, éventuellement, contourner le blocage institutionnel (comme dans le Var où le CDL entier ne se réunit plus) en entraînant le maximum de monde dans l'action.
“ Il faut que dans un délai extrêmement court tout le peuple de France soit en armes et jette toutes ses forces dans le combat. ”
Les efforts sont militaires, mais ils doivent porter, plus encore, sur l'action de masse sur laquelle les plus grands espoirs sont fondés.
Efforts d'organisation d'abord. C'est le moment où la réunification de la CGT est menée à son terme, après accord entre les “ unitaires ” et les “ confédérés ”. Conformément aux ordres, on active la création des Milices Patriotiques. La circulaire n°1 date du 7 juillet. Elle a pour but de clarifier les relations, encore embrouillées, avec les FTP. Si ceux-ci sont “ l'armée d'active ”, les Milices sont le bras armé de l'appareil politique, à travers ses diverses composantes. Entre les deux, doit être constituée une structure horizontale, le comité militaire local où sont représentées les différentes branches de la Résistance communiste (à l'exception du Parti, en tant que tel). De plus, la circulaire, signée conjointement par les FTP et les MP, règle la question des armes, les FTP ayant la priorité. Trois jours après, le responsable des MP tente de se faire reconnaître du CDL en lui demandant de déléguer l'un de ses représentants au comité départemental des MP. Parallèlement, est améliorée l'organisation des femmes, avec la formation d'une direction départementale. Comme il se doit, ces deux organisations nouvelles ont pour objectif premier de participer à l'IN qui se prépare, et, aussi vite que possible, de rédiger ce qui sera la preuve tangible de leur existence (et qui permettra de recruter), c'est-à-dire des journaux spécifiques. C'est en août que paraissent Femmes Varoises et Le Combattant Varois.
Efforts sur le terrain de l'action. Une nouvelle phase offensive s'ouvre à la fin juin. Elle est d'abord et surtout politico-syndicale. De très nombreux tracts (de dix types différents dans le Var) appellent à manifester le 29 juin, pour obtenir ce qui devient le mot d'ordre principal de l'action de masse, les 500 g de pain par jour. Toute la nébuleuse des organisations est en branle et, pour donner plus de poids au mouvement, la signature Comité Varois de la Libération est utilisée de nouveau, au milieu des textes de l'UD clandestine de la CGT, du PCF, du FN du Var et du Comité des Femmes de France du Var. C'est sous cette signature que le Parti communiste donne l'ordre de manifester à tous les membres des organisations de résistance (tract “ A bas les affameurs ”) ou appelle les travailleurs à “ se tenir prêts à déclencher la grève générale conformément aux directives données par la CGT reconstituée ” et à “ former les Milices patriotiques ouvrières ”. Comment suspecter sa volonté unitaire alors qu'il pousse l'œcuménisme jusqu'à recommander aux patriotes, et particulièrement aux jeunes, de
“ s'organiser militairement dans les francs-tireurs et partisans, les corps-francs de la Libération, l'Organisation résistante de l'armée ou dans les Milices patriotiques ouvrières et paysannes sous le commandement de l'état-major des Forces françaises de l'intérieur ”
(dans le tract “ Aux patriotes de Provence ”) ? Plus sérieusement, cette tactique de débordement incontestable, par le biais d'un Comité varois de la Libération qui n'existe pas, peut se prévaloir de la fidélité aux orientations des plus hautes instances de la Résistance intérieure, à commencer par le CNR. Il est la réponse communiste à un CDL, dominé par le MLN, qui refuse de s'y plier et qui bloque les propositions d'action de masse.
Malgré ces initiatives, la mobilisation au 29 juin est un échec. On relève seulement des tentatives de rassemblement à Toulon et une seule manifestation, à Saint-Tropez. Mais ce n'est qu'une étape préparatoire dans le cadre d'une offensive ambitieuse qui doit culminer autour du 14 juillet. Elle vise à embraser la zone Sud et, à défaut d'IN, à franchir une nouvelle étape vers cet objectif. Quel que soit son résultat, c'est aussi un moyen de renforcer la position du Parti et de ses organisations au sein de la Résistance en capitalisant la volonté de lutte que ses militants ont su inspirer à la jeunesse et à la population, en montrant, une fois de plus, que les communistes sont les meilleurs des résistants.
La relance revendicative repose sur un terrain d'autant plus solide que les rations de pain sont à nouveau réduites. Elle commence par une grève des cheminots de Carnoules, le 6 juillet, et par des manifestations pour le ravitaillement, animées par les militantes des comités de femmes, dans plusieurs localités. Maires bafoués, mairies envahies, perquisitions “ sauvages ” chez les commerçants soupçonnés de marché noir, “ réquisitions ” de véhicules pour aller chercher des denrées caractérisent ces mouvements qui montrent un degré de détermination et d'organisation nouveau. Localité phare en ce domaine : Ollioules où Lina Michel et ses camarades manifestent le 8 et le 10 juillet, envahissent ce jour-là la fabrique de pâtes alimentaires, située dans la commune, et obtiennent la distribution de 500 g. de pâtes, action citée en exemple à plusieurs reprises, et mise en exergue dans un tract répandu quatre jours après (“ Bravo femmes d'Ollioules ”). Elles recommencent, le 16 juillet, avec une nouvelle manifestation qui est marquée par sa durée - toute la journée sans interruption - et par la “ réquisition ” d'un camion pour aller prendre de la farine à Toulon. Devant la violence avec laquelle les mouvements s'expriment, le profil bas adopté par les autorités démontre leur impuissance face à ce contre-pouvoir populaire. Les maires reçoivent les délégations et les accompagnent parfois. On débloque précipitamment des pâtes alimentaires. Le préfet lui-même dialogue avec les délégués syndicaux, venus lui remettre une pétition de 519 noms, le 14 juillet, tout en les sachant liés à la Résistance. Il n'en méprise pas moins les “ meneuses ” qu'on lui a envoyées à fins d'admonestation. Pour lui, ces femmes, “ souvent choisies dans un milieu taré, obéissent à des mots d'ordre et peut-être même reçoivent de l'argent ”.
Au total, nous avons recensé 25 manifestations pour le ravitaillement dans le Var, entre le 7 et le 31 juillet (la plupart avant le 22 juillet). Elles affectent les communes semi-urbaines où le PCF est anciennement implanté et où le rôle de ses organisations est évident (Ollioules, Six-Fours, Draguignan, Flayosc, Carnoules, Saint-Tropez), mais aussi d'autres communes à l'implantation plus récente (Varages, Lorgues, Les Arcs, Vidauban, Cuers, Solliès-Pont, Le Beausset, Sanary, Bandol). Sans doute ses militants ne sont-ils pas derrière chaque mouvement (et encore moins derrière chaque manifestant), du moins leur exemple fait-il tâche d'huile. L'étendue de cette vague de manifestations conduit à constater que l'aire d'influence géographique et sociale du PC s'est encore élargie, en partie grâce aux repliés seynois ou toulonnais et aux jeunes groupes FTPF, en partie par la remise en mouvement d'anciens adhérents et sympathisants. Sans doute ces actions lui permettent-elles de jouer, de plus, un rôle moteur dans des milieux résistants non communistes et dans une population patriote.
Le renforcement de l'ancrage ouvrier et le développement parallèle de la CGT peuvent se mesurer grâce à la série de grèves et arrêts de travail - quatorze recensées au total - qui participent du même mouvement pour le pain. La plupart - dix - ont lieu entre le 11 et le 13 juillet, parfois directement associées aux manifestations pour le ravitaillement (La Seyne et Draguignan). Nombre d'entreprises qui ne se sont pas signalées jusque-là par une activité revendicative quelconque entrent en lice : les typographes du Petit Var, les employés de la voirie toulonnaise et dracénoise, les gaziers, les ouvriers de l'usine de récupération des sarments de vigne (SPI) de la Farlède, les cheminots de la Compagnie de Provence, etc. Les traminots de Toulon sont cette fois à la pointe du mouvement et des incidents avec des non-grévistes amènent l'interpellation de neuf militants. Mais le mouvement touche aussi les métallos de Toulon et La Seyne. L'arsenal où l'on ne travaille plus beaucoup est pratiquement arrêté du 11 au 17 juillet, alors qu'à La Seyne, l'issue tragique du bombardement du 11 fait prendre un cours différent au mouvement engagé le matin. La colère se retourne contre la municipalité, rendue responsable des morts de l'émissaire commun et conspuée par des centaines de manifestants, les 14 et 15 juillet.
Ces grèves et ces arrêts de travail font partie d'un plan d'ensemble, destiné à lancer enfin la grève générale insurrectionnelle. Elle a bien commencé comme prévu, le 11 juillet au matin, dans l'arsenal, au dépôt des trams et aux chantiers navals. Le tract de l'UD des syndicats (CGT) “ Pas de pain, pas de travail ! Arrêtez partout le travail pour réclamer 500 grammes de pain par jour ” a été diffusé sur les lieux de travail. Mais, réédition varoise de ce qui s'est passé en mai à Marseille, le bombardement vient, quelques heures après le début des opérations, perturber le déroulement normal de l'action dans la région toulonnaise. Si elle s'étend ensuite aux autres entreprises et aux autres localités, comme prévu, c'est, malgré tout, une série d'actions, en ordre dispersé, et vite terminées.
Dans cette nouvelle tentative, le Var n'est évidemment pas seul en cause. Il s'agit bel et bien d'une tentative de mouvement général qui a pour cadre, au moins, l'ensemble de la zone Sud. Dès le 1er juillet, le CDL des Basses-Alpes a diffusé le mot d'ordre de “ grève générale insurrectionnelle avec occupation des lieux de travail et autodéfense armée ”, qui aurait été inspiré par le CNR, pour le 14 juillet. Il faut reconnaître que, émiettement des recherches départementales aidant, ce mouvement reste à étudier, du moins dans cette perspective générale, mais on sait que le Sud-Ouest a connu les mêmes mots d'ordre et les mêmes développements. À Alger, on a eu vent des préparatifs d'une nouvelle grève d'envergure à Marseille, au point que le général Cochet s'en inquiète et fait savoir au COMAC que le Haut commandement allié et lui-même considèrent son exécution comme “ absolument prématurée dans les conditions actuelles ”.
Bien que l'action de masse soit déterminante, l'offensive ne se limite pas là. Elle est couplée avec une relance de l'action militaire. Ce n'est pas par hasard si l'on diffuse à nouveau l'Ordre du jour du Haut commandement F.T.P.F. (zone Sud) ” n°1, c'est-à-dire celui du 6 juin. Les FTP ont reçu l'ordre de multiplier les coups de main à partir du 11 juillet. Toutes ces journées qui encadrent le 14 juillet sont marquées par l'activité intense de la plupart des détachements varois, en particulier des camps Robert et Battaglia, ainsi que des groupes “ égaux ” de la 2e Compagnie. Des collaborateurs sont recherchés ou exécutés à Barjols, Carcès, Saint-Martin-de-Pallières, Sillans, Cotignac, Cogolin, La Môle. Des embuscades sont tentées et parfois réussies à Ampus, Varages, Carcès, Flayosc, Collobrières. Des “ récupérations ”, suivies de distributions à la population, ont lieu à Ampus, Aups, Varages, Tavernes, Montmeyan, Lorgues. Les maquisards participent aux manifestations patriotiques d'Aups et Salernes. Leurs descentes dans les villages sont ostensibles, entraînant des réactions allemandes où la peur et la brutalité se conjuguent. À partir du 11, le maquis est presque quotidiennement présent à Barjols, malgré la descente des Allemands et PPF de Brignoles, le 13, qui viennent contrôler la population et rafler 27 hommes.
On mesure les espoirs mis dans ces journées de juillet 1944 par la mission qui est confiée aux FTP-MOI. C'est une mission qui “ pourrait avoir des répercussions incalculables ”. Il ne s'agit rien moins que d'assurer la désertion en masse des unités arméniennes de la région du Lavandou et leur transfert au maquis. Préparée grâce aux immigrés arméniens de Cogolin, supervisée par l'interrégion FTP-MOI, l'opération doit être réalisée le 13 juillet, avec l'accord des officiers. Le détachement FTP-MOI de Toulon, venu s'installer dans les environs de Brignoles quelques jours auparavant, doit y contribuer en faisant diversion. Deux responsables interrégionaux - Max Brings, le COIR, et Mihail Florescu le CEIR - l'ont rejoint pour l'occasion et passent la nuit en attente. Les maquis FTPF des Basses-Alpes ont été chargés de trouver des emplacements. La 9e Compagnie FTPF d'Aix-en-Provence doit empêcher tout mouvement de troupes vers le Var, ce jour-là. Les nombreuses actions des FTP du Haut-Var, au même moment, participent des mêmes objectifs. Il est prévu que :
“ De la côte, les bataillons arméniens ouvriraient le feu contre les troupes allemandes de la seconde position, tandis que les unités F.T.P.-M.O.I. avaient l'ordre de les attaquer sur leurs arrières. ”
Tout est donc prêt. On voit l'ampleur des moyens mis en œuvre pour assurer la réussite de l'affaire. Or, sans que l'on sache pourquoi, elle échoue au dernier moment.“ Les troupes allogènes qui devaient passer à l'attaque le 13 juillet sous le contrôle de la M.O.I. n'ont pas bougé ”, constate avec regret le COIR des FTPF. Il met l'échec sur le compte d'un “ travail politique insuffisant parmi les différents groupes de langue ”, sans toutefois perdre l'espoir qu'il pourra être effacé. Mihail Florescu affirme que le complot a été éventé et la mutinerie étouffée dans l'œuf, faisant des victimes parmi les soldats. L'affaire reste à éclaircir.
La journée du 14 juillet aurait dû être la journée capitale. Elle n'en reste pas moins le point culminant de cette période pré-insurrectionnelle. Elle est préparée par les organisations communistes par une débauche de tracts et de journaux. Depuis la fin juin, elles font un effort de propagande inégalé. En un mois, elles ont diffusé des tracts de 45 sortes différentes (contre un seul pour le MLN), en 29 distributions répertoriées, ce qui est très certainement inférieur à la réalité. Jamais, bien entendu, les références à la Révolution Française n'ont été aussi nombreuses et aussi appuyées. C'est moins 1789 que 1792 que l'on commémore et que l'on propose en exemple. L'un des tracts diffusés lance un significatif “ Aux armes Citoyens ”. Jamais les dénonciations de “ la trahison ” - entendons celle des autres résistants (les “ attentistes ”, les “ déserteurs ”) - n'ont été aussi violentes, dans la presse (Rouge-Midi juillet 1944) et dans les tracts. L'un d'eux est même intitulé d'un explicite “ Faisons échec à la trahison ”. Le couplage entre l'offensive contre Vichy et l'occupant et celle, politique, qui est menée au sein de la Résistance saute aux yeux. Le succès des manifestations patriotiques du 14 n'est pas dû aux seuls efforts des communistes, mais ils y ont largement contribué. La géographie des cortèges que l'on a pu recenser le prouve. Par rapport aux 14 juillet et aux 11 novembre précédents, elle englobe huit communes nouvelles qui sont toutes sous leur influence (Tourves, Flassans, Carnoules, Ramatuelle, Le Plan-de-la-Tour, Lorgues, Aups, Salernes).
Mais “ l'insurrection générale de la population, pourtant favorable aux maquisards, ne s'(est) pas produite ”, pas plus en Provence que dans d'autres régions. Du moins, les communistes ont-ils fait la démonstration de leurs capacités et de leur influence dans les “ masses ”. Ils représentent décidément une force avec laquelle on ne pourra éviter de composer.
Les FTPF ont ordre de maintenir la pression. L'IN ne peut tarder. Ils doivent “ continuer la guerre de harcèlement partout ” et lancer une “ vaste campagne d'opérations ” entre le 25 et le 30 juillet, d'abord en s'attaquant aux voies de communication entre le 25 et le 28, puis en investissant les localités entre le 28 et le 30. En fait, dans le Haut-Var, anticipant sur ces consignes, l'action s'est poursuivie, sans discontinuer, sur la lancée des jours précédents, marquée par des interventions audacieuses dans trois villages et l'exécution de six collaborateurs ou Allemands (Carcès, Cotignac, Sillans-la-Cascade). Entre le 17 et le 22, le camp Robert et les “ légaux ” de Lorgues et Flayosc ont détruit la plupart des ponts routiers qui entourent le Plan de Canjuers (neuf au total). Mais la réaction allemande est violente. Elle s'intègre à la deuxième phase de contre-offensive générale que connaît l'ensemble du massif alpin. À partir du 22, les raids se succèdent contre le Plan de Canjuers et atteignent, comme on l'a vu, les camps Robert et Battaglia, leur portant des coups sévères. Les rafles et les prises d'otages se font plus nombreuses : Aups par deux fois, Salernes, Sainte-Maxime, Cogolin et les villages voisins, La Crau en font les frais. Dix otages sont fusillés au Bessillon, le 27 juillet. Les FTP du Haut-Var connaissent des semaines difficiles. Pour eux aussi, il était temps que la Libération survienne.
À la veille de la Libération, la Résistance animée par les communistes semble comme essouflée. La propagande elle-même marque le pas. Il n'y a plus de manifestations pour le ravitaillement. Sans doute, n'est-ce qu'un répit pour refaire les forces en prévision de l'insurrection qui, désormais, ne pourra qu'accompagner un débarquement en Méditerranée. Ceci étant, la puissance d’attraction du Parti communiste, grâce aux FTP surtout, sort renforcée de l'épreuve. Dans la population et dans la Résistance, le renversement de tendance en sa faveur s'est accéléré. Il est apparu sur le terrain local comme le véritable animateur de la Résistance. Si, dans certains milieux, cela peut faire augmenter les préventions (mais il est difficile de le dire ouvertement), dans d'autres et, en particulier, parmi les résistants de base, l'écho rencontré est très positif, comme en témoigne un rapport établi par un chef CFL, le 6 août :
“ Voici un mois que nous sommes de retour (sous-entendu : de Siou-Blanc) et toujours rien. Les hommes attendent. Nous apprenons que dans le Haut-Var les F.T.P. font leur devoir et ont délivré plusieurs villages. Quelques exploits sont connus de la population, sont transportés de bouche à bouche (sic), sont grossis, et chacun a le plaisir de constater qu'il y a au moins une partie de la Résistance qui se trouve organisée, qui travaille avec ardeur et discipline. ”
. Tém. A. Claverie déjà cité et arch. privées, rapport du COIR, 31 juillet 1944. Celui-ci pensait envoyer Claverie dans les Alpes-Maritimes comme COR et maintenir Vautrin dans le Var.
. Arch. privées, rapport du COR, 20 juin 1944 (“ De grandes difficultés nous sont faites pour l'armement des gars, surtout dans le 1er et 3e s/s la fourniture du matériel est aussi inexistante pour ces sous-secteurs ce qui gêne beaucoup le développement et l'entraînement de nos gars nouvellement formés. Néanmoins nous espérons solutionner cette grave question car nous avons fait appel à l'appareil polo qui lui possède dans le 2e s/s de grandes possibilités sur ces points ”).
. Arch. privées, rapports du COR, 20 et 23 juin 1944.
. Souvenirs de Gaston Richard, FTP à Salon-de-Provence, puis Aix, avant de venir dans le Var, manuscrit, s.d., aimablement confié par André Claverie.
. Arch. privées, rapport du COIR, 31 juillet 1944 où nous puisons les éléments de ce paragraphe. Motif de satisfaction : la Drôme, difficile à commander de Marseille, lui a été ôtée, mais le Vaucluse non, alors qu'il n'appartient toujours pas à l'interrégion du Parti, d'où problèmes. Quant aux Bouches-du-Rhône, hormis Aix, il y a “ peu d'effectifs ”, “ peu de cadres ”, “ guère de combativité ”, “ pas de CER ” et “ les dirigeants du P., malgré notre excellente collaboration et leur bonne volonté ne nous ont apporté à ce jour aucune aide positive ”. Ce rapport confirme le sentiment de M. BAUDOIN, Histoire..., op. cit., p. 159, selon laquelle les compagnies FTPF à Marseille sont “ virtuelles ”. Il infirme donc le jugement de C. MESLIAND (“ La Libération de Marseille ”, Cahiers de l'Institut Maurice Thorez, 8-9, p. 143, 1974) qui estime que les FTP sont à Marseille “ la force militaire ... la plus nombreuse ”. En revanche, les Milices Patriotiques y sont certainement moins étiques que M. Baudoin ne le dit. C. Mesliand qui a utilisé des archives du Parti nous paraît plus proche de la vérité sur ce point (p. 151). Dans le Var, “ la M.P. n'existe pas ”. En fait, il semble que, dans l'interrégion, le Parti garde la haute main sur les MP, dont ses adhérents forment l'essentiel de l'effectif. Ceci étant leur force militaire réelle peut être considérée comme limitée partout.
. Arch. privées, rapport du COIR, 31 juillet 1944.
. Il est alors composé de J. Bessone, du Niçois H. Gruber et d'un autre clandestin, peut-être originaire de Saint-Etienne, mais venu de Nice, Martin (tém. J. Bessone).
. L'expression se trouve dans l'ordre du jour du COIR du 10 juin 1944.
. Tract “ Vivent les patriotes d'Aups ” (Toulon et Cogolin, 25 juin 1944).
. France d'Abord édition zone Sud, juin 1944, article "Le devoir".
. Arch. privées, rapport déjà cité du 31 juillet 1944.
. Ordre du jour du Haut commandement des F.T.P.F. zone Sud n°2, 20 juin 1944.
. Tém. J. Bessone qui participe à la délégation avec E. Luciano, nouveau délégué du PCF au CDL et Martin. La délégation “ confédérée ” est composée, outre J. Sauli, de deux syndicalistes toulonnais, responsables avant-guerre, Edouard Demonsais et Adrien Rizzo. La réunion a lieu dans le courant juin dans une maison du quartier du Pont-de-Bois.
. Circulaire reproduite in M. AGULHON et F. BARRAT, op. cit., p. 28.
. M. AGULHON et F. BARRAT, op. cit., p. 31.
. Ces consignes se trouvent rappelées par l'Ordre du jour du Haut commandement F.T.P.F. zone Sud du 20 juin (point n°1). Deux numéros de Femmes Varoises les 5 et 15 août 1944 (ce dernier s'intitule Femmes Varoises à l'action). Le Combattant Varois, organe régional des MP est sorti au moment du débarquement de Provence. Aucune diffusion de ces journaux n'est signalée par la police. L'existence de ces feuilles est connue, pour les premières, par l'article “ Combien étaient-elles dans ce combat ? ” de D. Casanova, Le Petit-Varois-La Marseillaise, déjà cité (où elles sont reproduites), et, pour le second, par M. AGULHON et F. BARRAT, op. cit., p. 14-15 (reproduction du contenu du journal).
. Tracts “ Debout contre les affameurs ” (reproduit in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 151) et “ Nous voulons 500 g de pain ” (UD CGT, Toulon 27 et 29 juin), “ 500 grammes de pain par jour ” (PCF, Toulon, 29 juin), “ Patriotes, debout pour le pain et la liberté ” (FN, Toulon, 29 juin), “ Sus aux affameurs ” (Comité des Femmes, La Seyne, 29 juin), “ 500 grammes de pain ” (Toulon, 25 juin), “ A bas les affameurs ” (La Seyne 29 juin, Les Arcs, 4 juillet, Toulon, 14 juillet) et “ Aux patriotes de Provence ” (Toulon, 29 juin, Cogolin) tous les trois signés Comité varois de la Libération.
. Ce tract est reproduit in M. AGULHON et F. BARRAT, op. cit., p. 32-33, mais il n'est donc pas diffusé au moment du débarquement en Provence et il ne peut être attribué au CDL L'appel à la constitution des Milices patriotiques n'est donc pas intégré par celui-ci.
. Signé Section locale du Comité des Femmes de France Ollioules, répandu à Ollioules et Toulon le 14 juillet. Cette action et celle des cheminots de Carnoules, le 6, sont citées en exemple à plusieurs reprises, en particulier dans le tract “ L'action seule est efficace ” de la Région Varoise du PCF, distribué sans doute au même moment (d'après ce tract, les femmes d'Ollioules auraient organisé la livraison directe de pommes de terre par les paysans).
. Tém. Lina Michel déjà cité et ADV, 3 Z 4 19, lettre du maire 17 juillet : le mouvement de la veille est dû à l'absence de pain, contrairement à ce que les journaux avaient annoncé. Alors que le maire faisait des démarches à Toulon, les femmes ont “ réquisitionné ” le camion de la voirie, sont allées chez le chef de district à Sanary, l'ont embarqué avec elles pour faire les démarches afin d'avoir de la farine, puis sont parties à Sainte-Anne d'Evenos chez le répartiteur, puis à Toulon où le chef de district a pu avoir 10 balles.
. ADBdR, M6 III 42, rapport du préfet à Vichy, 24 juillet 1944.
. Voir liste en annexe. On remarque la perquisition “ sauvage ” chez trois commerçants de Bandol, le 15 juillet, citée en exemple dans les tracts elle aussi, et une autre “ réquisition ” de camion à Solliès-Pont, le 14 juillet. Le 22 juillet, le sous-préfet de Toulon reçoit les délégations de 17 communes différentes venues réclamer du pain
. Voir liste en annexe et note du préfet sur les grèves entre le 11 et le 17 juillet reproduite in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 152.
. ADV, 1 W 74, Pol. d'État, 11 juillet, note du préfet du même jour et Rens. gén., 12 juillet. Les militants communistes dirigent le mouvement, en particulier Gaston Duffaut, membre du comité départemental du PCF, interné en 1941. Les interpelés du 11 sont libérés quelques heures après. Est diffusé en même temps un tract de la région varoise des JC, “ Pas de pain ! Pas de travail ! Action immédiate ! ”. Pour les autres mouvements, même source et 3 Z 4 22.
. J. Bessone, tém. cit., alors responsable départemental de la CGT.
. J. GARCIN, op. cit., p. 336, citation tirée d'un appel pour inviter à suivre ce mouvement. En réalité, l'appel lancé par le CNR pour le 14 juillet n'est pas du tout un appel à l'insurrection (voir texte in H. NOGUÈRES, op. cit., t. 5, p. 259-260).
. Nous manquons d'éléments sur Marseille et Nice, mais les mots d'ordre identiques de soulèvement armé et de grève générale entre le 13 et le 18 juillet ont été donnés dans la région de Carmaux-Decazeville. Voir Georges Sentis, “ La grève insurrectionnelle des mineurs du Tarn ”, Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches marxistes n°34, 3e trimestre 1988 (colloque “ La Libération de la France ”, oct. 1984, Université Paris VIII), p. 118 et suiv. Confirmation in La Libération dans le Midi..., op. cit., par R. TREMPÉ, p. 76, et M. GOUBET, p. 127. On remarquera qu'il y a, à Carmaux, désertion de Géorgiens dans les maquis FTP-MOI.
. AN, 72 AJ 446 B1 FFI Zone Sud, télégramme 42/DMOS RS Cochet, 11 juillet 1944. Le général demande de ne pas intervenir pour ne pas troubler les esprits, au cas où le mouvement aurait été réellement déclenché.
. Arch. privées, rapport du COIR, 31 juillet 1944, alors qu'il n'a pas perdu espoir de la voir reprise.
. Il s'agit du Grenadier Regiment 917 composé de 800 Arméniens et 40 Allemands. Cette opération a été évoquée pour la première fois par G. LAROCHE, On les appelait des étrangers, Paris, 1965. (texte repris dans RÉMY, op. cit., t. 2). Elle est confirmée par M. FLORESCU, in Les Roumains..., op. cit., p. 177-179 (reprend et complète Laroche) : Boris Serban supervise les contacts avec l'Ost-Legion ; l'affaire – qui, d'après lui, concernerait deux bataillons - est préparée par le Comité arménien de Marseille et confiée à Nazarian Sarkis. Tém. H. Taïsch qui accompagnait Brings et Florescu dans l'attente des mutins.
. L’un des pseudonymes d’Alfred Wosnik (également Gaston), ancien responsable militaire des FTP-MOI des Alpes-Maritimes. Voir G. GEORGES-PICOT, op. cit., p. 139.
. J. GARCIN, op. cit., p. 341 : le CMR du 5 juillet a été chargé de ce travail et attend 8 000 transfuges (erreur évidente, il faut lire 800).
. Brochure des Amis des FTPF, Comment fut libéré Aix-en-Provence, Marseille, 1947.
. M. FLORESCU, op. cit., p. 178. Il confirme que “ l'opération en question s'encadrait dans une action de plus grande envergure ” et que les plans “ prévoyaient le déclenchement de l'action militaire dans toute la région ”.
. Arch. privées, rapport du 31 juillet 1944, déjà cité. Le secteur tenu par ces troupes est celui où les Commandos d'Afrique débarqueront dans la nuit du 14 au 15 août 1944 et, sans chercher à porter atteinte à leur action et leur courage, on pourra se permettre de supposer que cette action de la Résistance intérieure leur a facilité la tâche (comme le fait remarquer M. FLORESCU, op. cit., p. 179).
. Tract trouvé à Tourves, le 14 juillet, et à Cogolin. Sur la place de ce 14 juillet, notre contribution à Var, Terre des Républiques, op. cit.
. Tract retrouvé à Cogolin, signé Le Comité des Francs Tireurs et partisans Français. Il appelle à l'action et prend pour cible ceux qui se sont repliés vers le maquis. Ils “ ont commis une trahison et seront châtiés comme criminels de guerre ”, car ils ont permis “ à l'ennemi de massacrer quelques Français patriotes ” et ont jeté “ une confusion criminelle dans la bonne organisation des maquis ”. Sont dénoncés aussi “ les faux résistants, ceux qui font la grande noce avec l'argent destiné aux combattants et qui stockent les armes dont les soldats de France ont un si urgent besoin ”.
. R TREMPÉ, La Libération dans le Midi..., op. cit., p. 76.
. Arch. privées, rapport du COIR, 31 juillet 1944.
. Arch. privées, rapport URAC, 6 août 1944.