1 - Le soulèvement de juin
L'idée du débarquement imminent en Méditerranée a été largement popularisée dans la Résistance par les émissaires de la France combattante et des Alliés. Seignon de Possel Erick (Noël), l'un des officiers parachutés, passé au service du SD de Marseille, en a averti ses nouveaux patrons. Le rapport Catilina qui est fondé sur ses révélations s'en fait l'écho :
Tout le monde a cru au débarquement. Presque tout le monde a participé au soulèvement, au moins les deux premiers jours. Chacun a sa façon. Le MLN prône la prudence. Les FTP critiquent la stratégie des maquis mobilisateurs. Ils condamnent la “ désertion ” des villes qu'ils impliquent. Mais ni les uns, ni les autres ne peuvent toujours résister au courant d'ensemble.
Chez les communistes, c'est d'autant plus difficile que le débarquement relaie et s'intègre à l'offensive lancée depuis le mois de mai, que le soulèvement qu'il entraîne se combine et se confond à la base avec celui que la direction essaye de susciter en donnant l'ordre d'occuper les localités. L'heure de l'IN est enfin là, et, à défaut d'avoir pu la lancer avant, il ne faut pas la rater pendant le débarquement. L'Ordre du jour du Haut Commandement des FTPF. (zone Sud) - c'est-à-dire la direction du PCF. - daté du 6 juin et abondamment répandu les jours suivants, est sans équivoque. Il est repris et explicité par L'Humanité du 11 juin (numéro spécial). Il appelle à la mobilisation, en commun avec les FFI, dans les Milices Patriotiques pour assurer “ le succès de la Grève Générale et de l'Insurrection Nationale ” et “ partout où le rapport des forces le permet c'est le cas dès aujourd'hui dans les immenses provinces de Savoie, des Alpes, du Massif Central, du Limousin - tout mettre en œuvre pour la Libération de ces territoires afin d'en faire des bases de résistance et d'attaques ”. Hors de ces zones où il s'agit de prendre le pouvoir, il convient de mener la guérilla. L'Appel à la classe ouvrière de France, diffusé lui aussi dans le département, est une exhortation à la révolte :
“ Au moment où les armées alliées débarquent en libératrices sur le sol de la Patrie et que se lève enfin l'aurore de la libération nationale, le devoir de tous les Français est de se lever comme un seul homme et de frapper, d'exterminer l'ennemi exécré et les traîtres à son service.
Sous sa simplicité apparente de levée en masse spontanée ou presque spontanée, portée par la majorité de la population, caractérisée par l'unité des réactions à la base, le mouvement qui naît le 6 juin a pour conséquence un émiettement encore plus poussé de la Résistance. Ses retombées vont le mettre en évidence. À l'éparpillement des centres de décision, coupés les uns des autres par les contraintes naturelles ou nées du moment, s'ajoutent les désaccords stratégiques régionaux, plus profonds que jamais. Les objectifs divergents des organisations sont mis à nu. L'échec (partiel) du soulèvement, la nécessité de gérer ses conséquences et de réorganiser une Résistance en partie découverte rendent le débat d'autant plus âpre que jamais les ravages de la répression n'ont été aussi grands.
2 - Les retombées du soulèvement.
Sous des apparences massives, quasi-unanimistes, les attitudes devant les ordres de guérilla sont plus diversifiées qu'il n'y paraît. Les clivages passent davantage au sein des organisations qu'entre elles. L'ORA, fidèle par définition à la discipline militaire, a suivi les ordres reçus, mais avec prudence comme il se doit dans la “ zone d'influence des maquis ” qui couvre le Var. Lelaquet aurait conseillé le calme. Gouzy et Ducret ont fait prendre position, sans donner l'ordre d'ouvrir le feu. Malgré l'opposition du chef régional FFI et de Juvénal (mais a-t-elle été immédiate ?), les CFL-FFI de Toulon sont montés à Siou-Blanc, mais Fortoul, à Méounes, et Custaud, à Toulon, auraient déconseillé l'opération. Picoche, à Hyères, a donné l'ordre d'attendre le débarquement aux CFL locaux. Si le maquis Vallier est mis en alerte et reçoit des renforts, il n'est pas engagé dans l'action.
“ Le 1er jour de l'action des copains contre les miliciens la population de H.V. 4 était un peu effrayé, mais le lendemain tout le monde était d'accord. Des réalisations avaient été obtenues, le lait qui allait tout au marché noir était distribué à la population. De la viande allait être distribué par les boucheries et le vin de la Coopé, vendu librement à la population. Nous pouvons dire que à H.V. 4 cette action a amené beaucoup de gens qui n'était pas d'accord pour l'action ”.
Pourtant, le CO du sous-secteur et le “ régional ” des Milices patriotiques auraient dit dans les communes voisines qu'il n'y avait pas d'ordres et que les Aupsois avaient commis une faute. D'où les réticences à suivre le mouvement dans les sections voisines. Mêmes atermoiements les jours suivants, d'après les deux plaignants. Le 19 juin, l'ordre d'insurrection n'avait toujours pas été donné, alors que, selon eux, il était arrivé depuis le 13 ou le 14. Le CO ne l'a fait passer que le 25. Ils réclament donc des sanctions contre ceux qui freinent l'action. Estimant avoir perdu une part de leur autorité puisque leurs instructions n'ont pas été suivies, ils demandent à rejoindre le camp Robert.
En attendant, il faut utiliser les circonstances nées de la mobilisation massive du 6 juin et proposer des actions à ceux que l'absence de débarquement en Méditerranée laisse sans perspective. Les FTP doivent profiter des résistants ainsi rassemblés et bientôt démoralisés. Ils doivent les attirer sur leurs positions.
En effet, autour des 9 et 10 juin, le mouvement commence à retomber. La plupart des groupes qui ont pris le maquis, le 7 juin, se dissolvent peu à peu. Dans le Var, les hommes redescendent vers les localités et, quand ils en ont, remettent les armes dans les caches. Quelques-uns persistent un peu plus, ainsi les jeunes du GAVR ou le groupe du Muy qui serait resté jusqu'au 22 dans la forêt du Rouet.
Les jours suivants, après avoir servi de figurants à Aups, les miliciens varois interviennent à Flayosc, les 15 et 21 juin, contrôlent les hommes et opèrent trois arrestations (dont celle d’Albert Pierrugues, responsable cantonal AS de Fréjus). Ces expéditions font suite à un accrochage entre les Allemands et les FTP “ légaux ”. Au même moment, sur les indications d’Hugo Brunning, le SD de Draguignan met la main sur les résistants de la région de Saint-Maximin qui ont aidé les maquisards FTP.
Faute de débarquement, la mobilisation se révèle donc prématurée et mal préparée.
Ce jugement du DMR qui concerne essentiellement l'ensemble MLN-CFL est exagéré. Il n'en est pas moins significatif des sentiments que la fausse manœuvre a pu faire naître. Les conséquences négatives l'emportent sur les effets positifs, effets qui sont davantage politiques et psychologiques (sur la Résistance et sur ses adversaires) que militaires. Les événements ont jeté le trouble, y compris chez ceux qui ne font du “ Jour J ” qu'un élément de leur stratégie politique. Aux yeux de Juvénal, et pour son organisation, ils
“ ont relâché l'essor de la Résistance dans certains secteurs, il nous faut reprendre en main les troupes disséminées, faire connaître les responsabilités. ”
3 - La fiction unitaire rompue.
Juvénal et Rossi, chacun dans son domaine et avec des conceptions de l'action à mener qui ne sont pas identiques, tentent de reprendre le contrôle des opérations et de sauver ce qui, dans leur esprit, peut l'être. L'attitude de l'ORA depuis le 6 juin, l'autonomie prise par son chef régional qui continue l'action, malgré les contre-ordres, et qui a même ordonné aux hommes des Bouches-du-Rhône de rejoindre le réduit alpin, apparaissent comme une tentative de débordement de la Résistance “ politique ” par la Résistance “ militaire ”, comme une tentative “ giraudiste ” de prendre le pas sur la Résistance “ gaulliste ”. C'est bien ainsi qu'on va l'analyser à tous les niveaux du MLN.
La note que rédige Rossi va au-delà de la rupture avec l'ORA. Elle ne traduit pas seulement l'affrontement de deux forces qui rivalisent pour s'assurer la direction militaire de la Résistance. Marqué par ce qui vient de se passer, Rossi renverse désormais l'orientation stratégique des FFI en R2. “ Les événements récents - écrit-il - m'ont conduit à modifier d'une manière essentielle les instructions données ”. Comme si ceux-ci l'avaient convaincu de l'absence de toute alternative, il s'aligne sur la stratégie des FTP :
“ les actions déclenchées prématurément et où la mission de simple guérilla a été dépassée par un caractère nettement politique ont, par leur échec cuisant, clairement démontré qu'une insurrection nationale ne se déclenche pas au préalable dans des petites sous-préfectures isolées où l'action de masse est impossible, mais n'a de chance de succès que dans les grands centres... il est en effet indispensable d'envisager le déclenchement de la grève générale insurrectionnelle sans égard à aucune considération relative au débarquement sur nos côtes. ”
L'alignement n'est pas que stratégique, c'est d'une véritable intégration qu'il s'agit en donnant l'ordre
On pourra toujours s'interroger sur les positions politiques de l'homme avant cette période et ses liens avec le Parti communiste, mais tout indique que les journées de juin ont joué un rôle décisif dans son évolution. Par ce changement d'orientation, Rossi ne rompt pas seulement avec l'ORA, il se sépare aussi des “ politiques ” du MLN avec lesquels, jusque-là, le contact paraissait bon, mais qui voient en lui désormais un “ sous-marin ” communiste.
- Juvénal et les directions MLN-CFL qu'il contrôle - dont celle du Var - restent sur leurs positions ou y reviennent lorsque, dans un premier temps, elles ont participé à la mobilisation du 6 juin. Tous condamnent l'attitude de l'ORA, venue s'ajouter au contentieux des mois précédents. Alors que l'ORA locale veut se placer exclusivement sur le terrain militaire, ses détracteurs analysent politiquement sa manœuvre. Pour le MLN régional, l'insurrection doit être couplée avec le débarquement.
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La stratégie des uns et des autres se traduit plus ou moins clairement sur le terrain. L'autonomie de fait de nombreux groupes et les directives qui émanent des différents états-majors rendent la situation embrouillée. La répression fait passer souvent au deuxième plan d'autres considérations, d'autant que les sentiments contradictoires de la population oscillant entre la crainte des représailles et le désir de “ faire quelque chose ” constituent un facteur que les chefs de la Résistance ne peuvent ignorer. Il leur faut tenir compte aussi de son profond désir d'unité et de son aversion pour la “ politique ”, entendue comme facteur de division.
1. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 27 mai 1944.
2. ADV, 3 juin 1944.
3. P. LABORIE, op. cit., p. 309.
4. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 5 et 11 juin 1944 : le pain a manqué à La Seyne les 27 et 29 mai.
5. ADV, 1 W 82, note de l'Arbeitseinsatz au sous-préfet, 7 juin 1944 : depuis le 4, cafés et établissements de spectacles sont fermés à 17 heures 30, le couvre-feu est à 20 heures 30.
6. Si l'on en croit P. LIMAGNE, op. cit., t. 3, p. 2 039, à la date du 6 juin, elle n'a pas donné l'ordre de rejoindre le maquis, sauf pour les policiers et les gendarmes et F. RUDE a fait remarquer que les résistants, dont il était, n'ont pris dans le discours du général de Gaulle que ce qui allait dans le sens de l'insurrection, sans se rendre compte que ce qui suivait démentait l'ordre donné par les messages (P. BOLLE, op. cit., p. 154).
7. D. PESCHANSKI, op. cit., p. 589, note d'Angelo Tasca du 9 juin 1944.
8. ADV, 1 W 21, Rens. gén., semaines du 5 au 11 et du 12 au 18 juin 1944.
9. J. GARCIN, op. cit., p. 325 en fait des bûcherons se rendant à un chantier forestier, ce qui est vraisemblablement la (fausse) version répandue dans les Basses-Alpes. Or trois jeunes gens de Carcès, dont Floreal Fuentès qui sera tué dans un maquis FTP le 11 août, sont allés en reconnaissance préalable à Montagnac, sur les indications d'un de leurs camarades, Robert Lévy, membre du groupe FTP (tém. Lévy 1986). L'un des jeunes tués à Saint-Martin-de-Bromes, Gabriel Unia, avait été condamné en 1941 pour propos antinationaux.
10. SAPIN et quelques autres, op. cit., p. 46, à propos de la réunion de l'état-major FFI du 6 juin 1944 à Marseille.
11. SHA, 13 P 53, note de Rossi à l'état-major FFI. Même constat de M. Juvénal : enthousiasme général, la foule voulait immédiatement se battre (AN, 72 AJ 65 AN°3 I, note s.d., rédigée courant juin) et de J. VIAL, op. cit., p. 205 : le Midi bouillonne et “ vouloir surseoir à cette explosion populaire eut été chose difficile ”.
12. SAPIN et quelques autres, op. cit., pp. 46-47.
13. Renseignements fournis par Antoine Pelletier : ce qui sera peu apprécié par ses chefs ; le 7 juin, n'a-t-il pas reçu un câble lui demandant de n'assurer que son service ordinaire ?
14. F. Salvatori a avancé les chiffres de 483 hommes (allocution du 6 juin 1964) ou de 590 (arch. Amigas, rapport s.d.). Les groupes stationnent à La Ferme (groupe Pascoet), à La Citerne du gouvernement (groupe Thoubert), à Valbelle (groupe Bartoli) et à La Fontaine neuve (groupe Bianconi). Les FUJ de Chambardon sont aux avant-postes.
15. Les armes SAP ont probablement été obtenues par l'intermédiaire de J. Ducret (dont les groupes ne participent pas, tout au moins au début, à l'affaire). Ce sont 25 mitraillettes Sten avec 200 cartouches, six fusils-mitrailleurs et deux mitrailleuses lourdes. D'autres armes auraient été récupérées au Plan d'Aups, dans la Sainte-Baume, après un parachutage, ce qui aurait donné lieu à une altercation avec les FTP (sur Siou-Blanc, divers tém. dont F. Salvatori à des dates diverses, Dr Seys 1944, L. Médiani 1982 ; arch. privées, rapport URAC, 6 août 1944 ; AD Var, Cour de Justice de Toulon 10, dossier De., 13, dossier Fr., et 20, dossier Le.).
16. ADV, Cour de Justice de Toulon 20, dossier Le., lettre du chef départemental, commissaire aux jeunes du Var, 9 juin 1944 : le 8, une “ bande armée ” s'est présentée à Chibron où est logé le centre de La Pinède, se faisant passer pour la Milice, puis se découvrant comme réfractaires devant les jeunes rassemblés qui se sont alors précipités pour les embrasser et leur ont ouvert le dépôt de vivres, etc.
17. Arch. ANACR, Rapport sur les événements militaires et sur la situation du secteur H.V., par Paul (O. Marrucci, CO de la 2e Cie) et Ricard, s.d. (peu après le 25 juin 1944), dactyl. Orthographe respectée. Sur l'action des CFL, tém. A. Bourjéa, L'action des FFI à Aups du 6 juin au 18 août 1944, s.d., dactyl.
18. Arch. privées, rapport du CER Guy déjà cité sur l'activité du 26 mai au 10 juin 1944. Le CER indique que le camp Robert a appliqué ses “ directives... pour l'action immédiate et la lutte contre le boche et les traîtres ” ( “ sur instructions reçues du C.M.I. ”).
19. Tém. L. Philip, Aups et le militant, dactyl., s.d., p. 14 (Philip est un communiste du lieu, interné évadé. Il est prévenu par deux amis qu' “ ils avaient pris la Poste et la Gendarmerie et que dans la nuit suivante il devait y avoir le débarquement ”, ce qui le poussera à descendre au village où il sera pris en otage par les Allemands). Pour les FTP du camp Robert, il ne s'agissait pas du tout d'occuper quoi que ce soit (tém. R. Charvet).
20. Sur cette affaire, tém., parfois contradictoires, A. Bourjea, E. Bertrand, R. Charvet, L. Archier, L. Philip 1981 et, surtout, ADV, Cour de Justice de Toulon 11, dossier De. et 26, dossier Pa., 1 W 82, rapport du préfet, 16 juin, lettre du maire, 12 juin, rapport des gendarmes, 8 juin ; ADBdR, Cour de Justice Aix-en-Provence, dossier 138 ; La Liberté du Var, 6 juin 1945 ; Arch. ANACR, Rapport sur les événements militaires et la situation du secteur H.V. (s.d., dactyl.) ; arch. privées, rapport du CER du 26 mai au 10 juin.
21. J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 150, rapport du préfet sur la situation, 16 juin 1944. D'autres gendarmes du Var, rassemblés à Digne, rejoindront le maquis (SHA, 13 P 53, Journal de marche du commandant Chaumont).
22. Sur cet officier de gendarmerie atypique, voir la biographie écrite par son fils, P. FAVRE, Histoire d’un militaire peu ordinaire, Paris, L’Harmattan, 265p., 1992. J. Favre est arrivé dans le Var en avril, venant de La Rochelle où il participait à la Résistance.
23. Sur le Vercors, P. DREYFUS, op. cit., p. 132, tém. Koenig et p. 137 avec l'interrogation significative du chef ORA-FFI, Descours : “ mais, enfin, qu'est-ce qu'ils attendent pour débarquer en Provence ? ”.
24. ADV, 1 W 25, Rens. gén., 10 juin et Sûreté navale, 20 juillet 1944.
25. ADV, 1 W 21, Rens. gén. de Toulon et de Draguignan, semaine du 5 au 11 juin 1944.
26. Rapport reproduit in P. AZZIZ, op. cit., p. 177 et suiv. avec des noms d'emprunt (qui ont induit H. NOGUÈRES en erreur sur l'identité du traître, op. cit, t. 5). L'imminence du débarquement est confirmée par le responsable ORA des Bouches-du-Rhône, arrêté le 7 juin, à Marseille.
27. Câble du 9 juillet déjà cité in H. NOGUÈRES, op. cit., t. 5, p. 663.
28. Amiral Baudouin, La participation..., tém. cit., p. 19.
29. Tract du Comité National d'Unité syndicale (CGT - CFTC), diffusé après le 6 juin, trouvé dans la région tropézienne.
30. G. GUINGOUIN, Quatre ans de lutte sur le sol limousin, Paris, 1974, offre un exemple de ces réticences. Par comparaison, on sait les conséquences dramatiques de l'occupation de Tulle. Tém. déjà cités d’H. Simon et L. Blésy qui ont trouvé les consignes de la zone complètement irréalistes
31. J. GARCIN, op. cit., p. 298, circulaire du 8 juin 1944 sur la faiblesse des liaisons et la responsabilité des FTP en tant que soldats politiques par rapport à la population. Elle évoque aussi, en dernier recours, la nécessité du repli. L'ordre du jour du 10 juin rappelle que l'état-major FFI a décidé bien avant le débarquement que les unités du littoral “ occuperaient le terrain jusqu'à la limite de leurs forces ” et que la montée au maquis n'est concevable que pour ceux qui sont menacés. Elle stigmatise “ les capitaines d'aventure qui mènent à la mort des patriotes ”.
32. Arch. privées, rapport du COR, 20 juin 1944.
33. Arch. privées, rapport d'activité du 26 mai au 10 juin, par le CER Guy.
34. Arch. ANACR, rapport déjà cité de Paul et Ricard, un peu postérieur au 25 juin 1944. Nous avons respecté l'orthographe.
35. Arch. ANACR, rapport déjà cité de Paul et Ricard, un peu postérieur au 25 juin 1944.
36. H. NOGUÈRES, op. cit., t. 5, p. 147.
37. L. Burdet, tém. cit. Le télégramme du 10 juin se trouve dans les documents de G. Cisson. Il est daté du 19 et accompagné d'une note du même jour pour “ faire dire au maquis ”, précisant que “ les ordres de la région furent toujours conformes aux prescriptions de ce message ” (AN, 72 AJ 64, documents Cisson).
38. Dans le cadre de l'affaire Catilina, du nom du rapport qui la conclut le 6 juillet 1944 (33 arrestations dont le chef ORA des Bouches-du-Rhône, Jonglez de Ligne, chef de la Sécurité militaire de la XVe Région, un radio installé à La Motte-d'Aigues dans le Vaucluse, etc. et identification du chef du 2e bureau Marine Nomura, du chef de la Sûreté navale Blouet, etc.).
39. Les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse (Valréas, 53 morts le 12 juin, Charleval, Lambesc, La Roque d'Anthéron, les 12 et 13, 180 morts, etc.).
40. Divers tém. in SAPIN et quelques autres, op. cit., d'officiers présents lors de l'attaque, dans la nuit. Le sous-lieutenant Cheylus rapporte qu'il y avait deux officiers anglo-saxons et que l'un d'eux aurait été tué (p. 336), ce qui n'est pas confirmé par H. ROSENCHER, op. cit., p. 271, présent sur les lieux lui aussi. D'après ce dernier, et Antoine Pelletier en a eu confirmation dans son enquête, le PC de la mission se trouvait dans la maison, isolée, du commandant Lefort (Cheyron, un assureur d'Aix-en-Provence), qui ne correspond pas au château d'Ongles, propriété d'un couple d'Autrichiens (qui ont pu fuir), les Ihm. C'est un jeune garçon qui est venu avertir la mission, d'où l'exécution de l'ancien maire Arbaud accusé de l'avoir envoyé.
41. ADV, Cour de Justice de Toulon 11, dossier De. : les exigences allemandes ont été réduites à la demande du préfet et du chef de la Milice.
42. Sur l'affaire d'Aups, sources assez nombreuses, notamment ADV, Cour de Justice de Toulon 11 dossier De., ADBdR, 500 U 297 et tém. A. Bourjéa, F. Roustan. Les deux fusillés sont François Duchâtel, le gendarme, et Ernest Millet, un Hyèrois, l'un des piliers de l'équipe Picoche. Les prisonniers emmenés à Marseille sont l'un des occupants de la camionnette et le restaurateur Authieu. La Milice du Var, arrivée en retard, a gardé la mairie et participé aux perquisitions. Son chef départemental être intervenu à Saint-Raphaël où les Aupsois qu'il avait amenés se trouvaient sous la menace d'une mitrailleuse.
43. Tém. H. Sarie, dactyl., s.d. (Fonds Masson).
44. C'est à cette même date que le cmdt Chaumont, chef FFI-ORA des Basses-Alpes en prend connaissance (SHA, 13 P 53, journal de marche).
45. Les tém. sont contradictoires sur les dates (16 ou 17 juin) et sur les conditions. Le tém. le plus près des événements, donc celui qui nous paraît le plus fiable, est celui de F. Salvatori (arch. Amigas, s.d., déjà cité) d'après lequel il est averti de ce qui se trame par le chef AS d'Ollioules, Claessens, prévenu par la Sûreté navale. Salvatori retourne voir Amigas. Ils prennent ensemble la décision de dissoudre.
46. ADV, 1 W 25, Rens. gén., 17 juin 1944.
47. Dr Seys, tém. cit. Il y a trois acquittements. Les condamnés à mort sont envoyés à Lyon et Paris, afin d'être déportés, et seront délivrés par la Libération.
48. Arch. privées, rapport de l'URAC, 6 août 1944 et rapport d'activités du chef de groupe du Revest, L. Camolli, 20 novembre 1944, dactyl., qui réclame des sanctions contre les responsables. Ce phénomène est général, signalé aussi dans les Basses-Alpes où le cmdt Chaumont note que les événements provoquent un certain malaise et le découragement (SHA, 13P 53, tém. cit.).
49. ADV, 3 Z 4 6, rapport s. d. (après la Libération) du gendarme maritime Ca. Isidore et 3 Z 4 14, lettre de l'équipe de la 5e Cie de marins-pompiers de Toulon à la direction de Rouge-Midi, s. d. (après la Libération).
50. L. Burdet, tém. cit.
51. AN, 72 AJ 65, note s.d. (courant juin 1944), anonyme, mais certainement de M. Juvénal, AN°3 I.
52. SHA, 13 P 53, général Lécuyer, “ Etude... ”, op. cit. : le 6 juin, Juvénal considère que l'action est une “ pure folie ”.
53. AN, 72 AJ 446, Fonds Cochet B2 FFI zone Sud, télégramme de Victor, 6 juillet 1944, avec note de Lécuyer confirmant sa rencontre avec Rossi et Burdet, le 6 juin, ainsi que l'attitude mitigée de R. Rossi qui n'aurait émis aucune désapprobation. Tém. du colonel Zeller concordant in H. NOGUÈRES, op. cit., t. 5, p. 107-108. Lécuyer n'évoque un désaccord plus tranché de Rossi que dans ses tém. postérieurs (par ex. SAPIN et quelques autres, op. cit., p. 46-47), connaissant alors les attaques dont il avait été l'objet de la part des CFL et du MLN.
54. M. Juvénal, tém. cit., qui apport donc un autre exemple des hésitations entre le 6 et le 9 juin 1944.
55. M. Juvénal, tém. cit., qui reçoit l'ordre de décrocher le 10 et celui de se rendre à Barcelonnette.
56. Dans la région d'Aix pour Juvénal, en accord avec le PCF, dit-il dans sa note (AN°3 I) déjà citée. Autres exemples dans les Basses-Alpes et le Vaucluse où, dès le 10 juin, le chef du secteur de Carpentras et, dès le 11, le chef départemental FFI condamne les ordres prématurés d'action immédiate, tandis que le CDL du Vaucluse fait apposer une affiche comme quoi l'ordre de passer à la lutte ouverte est une provocation (documents 167 bis et 168 in S. ISSAUTIER, op. cit.). En revanche, le Var ne semble pas avoir été touché par cette réaction quasi immédiate.
57. SHA, 13 P 53, Journal de marche du cmdt Chaumont, op. cit., à la date du 11 juin. Le CDL est dirigé par L. Martin-Bret.
58. Circulaire Levallois chef régional FFI et CFL à tous responsables départementaux FFI et CFL reproduite in J. GARCIN, op. cit., p. 322. Bien qu'elle ne porte pas de date, elle est généralement datée du 16 juin (que ce soit par les FTP, peu après la Libération, in “ Les origines de l'insurrection marseillaise ”, article destiné à leur journal, Combattre, ou par Zeller, SHA, 13 P 17, Rapport sur l'opération du 6 au 1er août). Elle n'est connue que plusieurs jours après (ne serait-elle pas un peu plus tardive ?), car Chaumont (Journal de marche, op. cit.) n'en prend connaissance que le 30 juin, ce qui est confirmé par un rapport FTP du 11 juillet 1944 (arch. privées, rapport d'information au sujet du commandement dans les FFI, de Jean Bernard). C'est Chaumont qui en informe Lécuyer. Celui-ci l'ignorait, d'où probablement le télégramme du 6 juillet qu’il fait envoyer à Alger. Dans son tém., SAPIN et quelques autres, op. cit., p. 47, Lécuyer pense en avoir été informé entre le 20 et le 25 juin, ce qui est donc trop tôt. L'affaire est exposée dans un télégramme de Victor du 6 juillet 1944 (AN, 72 AJ 446, B2 FFI zone Sud) en réaction à cette circulaire. Selon lui les MUR (sic) reprochent une diffusion insuffisante des contre-ordres et une “ obéissance criminelle ” aux ordres de guérilla. Voir aussi SAPIN et quelques autres, op. cit., p. 58-59 et SHA, 13 P 53, “ Etude ... ”, op. cit.
59. H. NOGUÈRES, op. cit., t. 5, p. 643-644 (télégramme Bourgès-Maunoury du 9 juillet) et 864-866 (rapport Degliame du 10 juillet).
60. SAPIN et quelques autres, op. cit., p. 48 (il s'agit du rapport du 10 juillet). Sur sa sanction, AN, Fonds Cochet 72 AJ 447-448 DMOS Débarquement, télégramme 131, 19 août 1944, dans lequel Cochet répond au télégramme du 14 de Koenig lui demandant de l'entériner.
61. Circulaire de Levallois aux responsables départementaux déjà citée. On remarquera que Degliame se montre très élogieux sur Rossi, dans son rapport du 10 juillet..
62. SHA, 13 P 53, Journal de marche du cmdt Chaumont, 11 juillet 1944.
63. Ce que remarque P. LIMAGNE, op. cit. t. 3, p. 2 096, à la date du 27 juin 1944, à partir probablement de son expérience ardéchoise : le PCF. profite des faiblesses de l'AS - prise en main par la SFIO - et l'ORA arrive au moment où l'AS est déjà menacée par les FTP qui se sont beaucoup développés.
64. P. BOLLE, op. cit., p. 156, intervention de F. RUDE sur le Vercors. F. Cammaerts, chef du réseau Jockey du SOE qui couvre tout le massif et agit la main dans la main avec l'ORA, télégraphie à Alger, le 24 juin, du Vercors où il se trouve, que tout le Sud-Est s'est soulevé, persuadé que le débarquement en zone Sud doit avoir lieu dans les 15 jours qui suivent celui de Normandie.
65. La région R1 connaît les mêmes problèmes que la R2 entre l'ORA et le MLN. Quant au Vercors, il a été agité des mêmes débats sur la mobilisation (P. DREYFUS, op. cit., p. 128-129 : “ les ordres sont les ordres, obéissons ”), puis sur la dispersion (idem, p. 130-147).
66. SAPIN et quelques autres, op. cit., p. 58-59 où il exprime sa surprise à la réception des ordres de dispersion et les arguments qui s'imposent à lui et le conduisent à passer outre : risques encourus par les démobilisés et surtout impossibilité absolue de les remobiliser.
67. SHA, 13 P 53, cmdt Chaumont, tém. cit. : Alger nomme Lécuyer commandant à titre définitif et lieutenant-colonel à titre fictif, le 11 juillet.
68. AN, 72 AJ 446 B2 FFI Zone sud, télégrammes reçus. Dans le télégramme du 8, Victor, radio de la mission interalliée (dont le chef, Chanay a changé de position) se dit “ kidnappé ” par Perpendiculaire (Lécuyer) alors que Chanay veut qu'il lui soit rendu.
69. M. Juvénal, tém. cit., rapport au CD du MLN, s. d., dactyl., en annexe (postérieur au 10 juin), sur la dernière séance du CDL au cours de laquelle le PCF a proposé la grève générale insurrectionnelle et la constitution de groupes armés pour protéger les ouvriers. Juvénal était absent et F. Leenhardt a demandé à en référer aux chefs MLN. Même démarche de la CGT, le 6 juin, au CDL des Alpes-Maritimes et reprise par le PCF le 13, avec les reproches de n'avoir lancé aucun appel le 6 (J.-L. PANICACCI, “ Le Comité Départemental... ”, op. cit., p. 80).
70. Bulletin intérieur d'information des Francs-Tireurs & Partisans des Basses-Alpes, n°1, juillet 1944. On remarquera que certains cadres FTP font la distinction entre AS des MUR et ORA Dans son rapport déjà cité du 11 juillet, Jean Bernard (Bonnaire) estime que “ les Anglais (Cammaerts), le général JOSEPH (Zeller) et l'ORA ” veulent éliminer du commandement “ les Chefs ex. M.U.R. ” et propose de créer dans tous les départements un échelon de commandement AS-FTP pour “ que ce dernier éclaire la boussole du premier qui ne décèle pas comme nous les “ arrière-pensées ” de certains ”.
71. Arch. privées, compte rendu du CER du Var du 25 mai au 10 juin, déjà cité.
72. M. BAUDOIN, Histoire..., op. cit., p. 159-160 : le 16 juin, les communistes s'attendent au déclenchement de la grève générale insurrectionnelle dans les jours prochains (ce qui est à mettre en relation avec le rapport Juvénal sur les discussions au CDL sur ce sujet au même moment).
73. Ordre du jour, diffusé à Toulon, le 25 juin 1944 : il appelle aussi à activer la création des Milices Patriotiques, à attaquer les prisons et à créer un commandement FFI unique (il fait obligation aux CMR de désigner un délégué auprès des FFI).
74. Arch. privées, circulaire du COIR aux commandants de secteur, 24 juin 1944.
75. Entre autres traces, même circulaire (“ Que nos camarades des Basses-Alpes sans faire du prosélytisme, s'adressent à nos frères Combattants de l'AS et leur démontrent la lâcheté de certains de leurs chefs ”) et Bulletin interne des FTP des Basses-Alpes déjà cité.
76. J.-M. GUILLON, “ La place de la Résistance dans la Libération ”, Provence Historique tome XXXVI, fascicule 144, avril-juin 1986, p. 197 et suiv.