1 - Vue d'ensemble
Dans les localités où un groupe MUR existe, les responsabilités “ civiles ” et militaires sont mêlées. Le chef cumule la direction des MUR et celle de l'AS (et parfois même d'une autre organisation, par exemple la SAP). Seules les communes les plus importantes qui rayonnent sur tout un secteur, comme Draguignan ou Hyères, connaissent une relative spécialisation. À quoi rimerait d'ailleurs celle-ci à la base ? Dans la plupart des cas, l'activité n'y est qu'intermittente et bien peu “ militaire ” (diffusion du journal quand il arrive, plus rarement de tracts, surveillance des adversaires, collecte d'armes). Il s'agit surtout de mettre sur pied une équipe sur laquelle compter le moment venu, de constituer un potentiel d'action et de sympathies. Il n'y a aucun besoin de mettre toute la population en branle. Le prosélytisme est mesuré.
Prévaut donc une conception assez statique de la Résistance, favorisée par les sentiments dominants de l'opinion qui ne voit pas forcément la nécessité de l' “ action ” pour hâter une Libération que l'on sait de plus en plus inéluctable. À ces raisons, s'ajoutent la méfiance à l'égard de ceux qui n'ont pas rejoint la Résistance plus tôt ou qui n'appartiennent pas au “ clan ” dominant et la polarisation sur les problèmes d'organisation et de liaison. Pèse sur cette Résistance le souci de préparer un débarquement et une libération que l'on croit toujours imminents, croyance que relance la hiérarchie résistante, à commencer par le Secrétariat général des MUR, et qui amène à axer l'essentiel de l'activité sur cette préparation d'un “ Jour J ” à venir incessamment.
La cheville ouvrière des MUR du Var est Henri Emile Amigas, leur secrétaire et, en même temps, le remplaçant de Sarie à la tête de Combat. Il occupe une position clé, celle par où transitent les consignes et les moyens. Chargé de l'action politique, il supervise les autres secteurs et garde la haute main sur les GF du Var. Fortoul s'en plaint et lui reproche aussi une activité trop administrative. Ce n'est pas son seul détracteur. D'autres expliquent ses réticences devant l'action immédiate par son engagement avant-guerre au PPF et les amitiés qu'il y aurait gardées. Ces critiques ne viennent pas de ses camarades toulonnais, issus de la gauche, qui partagent sa prudence et ses soucis d'organisation. Sans doute, Sarie a-t-il choisi volontairement de placer à ce poste un résistant atypique par rapport à la résistance locale. Quoi qu’il en soit, le CD des MUR qui a eu vent des critiques faites à Amigas intervient pour y couper court : sa circulaire du 22 avril 1944 précise qu'il garde sa confiance dans tous les responsables nommés par le directoire régional et que
Au fur et à mesure que les services se diversifient, les tâches administratives s'accroissent. Cette charge s'étoffe d'autant plus que la direction des MUR tente de donner de plus en plus de consistance au niveau départemental dans la perspective du “ Jour J ”. La circulaire qu'elle envoie en septembre 1943 est très claire sur ce point :
“ N'oublions pas qu'au moment de la crise, la précarité des liaisons, la multiplicité et la complexité des tâches obligeront les chefs départementaux à prendre seuls des initiatives de la plus grande importance. Il faut donc que, dès maintenant, ils aient en main tous les services de leur département, qu'ils contrôlent tout ce qui se fait dans leur département, que dès maintenant ils s'habituent à prendre des initiatives, à diriger.
Les rapports et lettres conservés par les archives Amigas et qui ne doivent représenter qu'une faible partie de cette activité témoignent de la charge écrasante qu'elle représente. Au carrefour des échelons supérieurs et inférieurs des MUR, il faut assurer et ventiler toute la correspondance. Amigas assume ce travail qui n'est ni spectaculaire, ni glorieux, et ses autres responsabilités avec une équipe qui se réduit surtout à sa femme, dans leur maison à la lisière du centre ville et des faubourgs est de Toulon.
Dans la région dracénoise, Combat et les socialistes dominent plus largement qu'ailleurs dans le Var. Sarie charge d'abord Julien Cazelles Amar de réaliser la fusion avec Libération. Le comité d'arrondissement constitué comporte cependant deux socialistes (Soldani et lui-même) et deux chrétiens-démocrates (Cisson et Garrus), ainsi que le chef AS. Vers juillet 1943, les responsables communaux ou cantonaux (politiques et militaires à la fois) sont ratifiés ou désignés. Présidée par Cisson jusqu'à son passage dans la clandestinité en août 1943, l'organisation est alors reprise par Cazelles jusqu'à ce qu'il doive, à son tour, céder la place, vers novembre, après une tentative de vol de documents dans l'arsenal de Toulon (avec Arnal, entre autres). C'est à ce moment-là que l'arrondissement est laissé à Garrus qui le préside et s'occupe plus particulièrement de la partie nord et à Soldani qui se charge du sud, mais aussi de l'inspection du maquis (d'où ses ruades devant la faiblesse des allocations allouées pour aider les hors-la-loi et les familles de victimes de la répression).
Au fur et à mesure de leur décentralisation en prévision des événements, les MUR essaient de constituer une structure locale solide, car la réalité reste floue au-dessous de l'échelon de l'arrondissement. Le quadrillage laisse encore à désirer à la veille du 6 juin. Une circulaire de Garrus à ses chefs cantonaux (janvier ou février 1944) s'efforce d'encourager la mise sur pied d'un véritable échelon de commandement cantonal avant la fin du mois et des structures communales avant le 15 mars. Elle prévoit à ces niveaux la formation d'équipes comportant le chef AS et des responsables pour la propagande et les liaisons, le service social, les maquis, le SR, la presse, voire le ravitaillement.
“ Le Chef cantonal est un “ CHEF ”, c'est-à-dire l'animateur qui prévoit, conçoit et dirige l'action. ”
2 - Action politique, service social et faux papiers
Les MUR conservent les services hérités de Combat. Amigas est chargé de l'Action politique (héritière de l'ancien ROP). Il est en fait absorbé par son activité “ administrative ” et ce sont, en réalité, Sarie, Arnal et Cisson qui assurent le véritable travail politique par le biais du CDL ou de la presse.
D'autres services, qui existent dans d'autres régions, auraient pu ou dû se développer dans le Var. On remarquera l'absence d'un Comité d'action contre la déportation, tout comme celle, plus révélatrice, de l'Action ouvrière. Quant au service des faux papiers, il n'a pu se constituer, malgré les efforts d'Amigas. Le Var reste dépendant sur ce point des délais de fabrication et d'acheminement de la région.
Les cartes sont toujours à faire d'urgence, parfois même dans les vingt-quatre heures, ce qui empêche de les envoyer au service régional. Cette question qui contribue à rendre difficiles les rapports entre clandestins n'est pas qu'une question d'intendance. De sa solution, peut dépendre la vie.
3 - La presse des Mouvements Unis de la Résistance
La faiblesse constatée de la propagande MUR tient pour partie à l'autonomie conservée par leurs composantes en ce domaine. Mais elle tient aussi à l'ambiguïté d'une action qui est partagée entre le souci du moment, la lutte contre l'occupant, et les préoccupations de ce qu'il faudra faire à la Libération. La presse des MUR de la région en est l'illustration. Elle se caractérise par des réalisations soignées et une réflexion intéressante sur ce qu'elle devra être dans l'avenir (et qui ne pourra se concrétiser), mais quel contraste avec la rapidité de fabrication et la variété de la presse communiste dans le même temps...
a - Projets
Les premiers travaux sur la future presse du Var sont assurés par une sous-commission du Comité de coordination de la Résistance (futur CDL), présidée par Henri Michel Simon et exclusivement composée de résistants des MUR (Cisson bien sûr, François Cuzin avant qu'il ne soit muté à Digne pour la rentrée 1943, Jean Mathieu, journaliste au Petit Var et le syndicaliste socialiste Jean Forestieri). Elle entend préparer le journal de cette Libération qui peut intervenir à tout moment. Elle étudie les conditions matérielles de sa parution (papiers, prise des locaux du Petit Var, etc.) et conclut un accord avec l'équipe marseillaise, à dominante socialiste, qui doit prendre possession du Petit Provençal là-bas. Elle enquête sur les journalistes pour pouvoir choisir la future équipe rédactionnelle. Maître Arnaud, maire révoqué d'Aiguines en 1941, établit les statuts de la société coopérative qui éditera les deux journaux prévus : Le Journal du Var et Le Journal de Toulon.
Henri Michel veut créer, à la Libération, “ un journal assez neuf ” dont le but serait
Sont associés à sa préparation non seulement ses camarades du CDL (Arnal, Lagier, Custaud en plus de Cisson), mais aussi d'autres personnalités : un syndicaliste ouvrier de l'arsenal, ancien confédéré, Julien Sauli, un démocrate-chrétien qui a l'avantage d'être papetier-imprimeur, Jean Labrosse, et l'un des plus notoires syndicalistes paysans socialistes, André Bouis, maire révoqué de La Motte. Michel pressent François Crucy Lamartine, ancien chef du service de presse de la présidence du Conseil, pour en être le rédacteur en chef.
b - Provence Libre
Pour les rédacteurs qui mettent tant d'eux-mêmes dans l'élaboration d'un journal clandestin, le comble de la satisfaction est, bien entendu, qu'il soit utilisé par les radios extérieures. Cette joie que peut éprouver Henri Michel en entendant l'une d'elles (américaine) citer l'un de ses articles, Julien Cazelles la ressent aussi, alors qu'il est, lui, rédacteur de Résistance, l'autre journal créé par les MUR du Var.
c - Résistance
On a déjà évoqué les raisons pour lesquelles les MUR de l'arrondissement de Draguignan décident de faire ce journal. C'est le premier et le seul organe exclusivement varois des mouvements. C'est aussi la première initiative de Cisson en ce domaine, en mai 1943, avec l'aide de Cazelles, Soldani et Emile Restègue Richard. Lorsque Cisson, promu aux responsabilités régionales, quitte la direction de l'arrondissement, Edouard Soldani en devient le rédacteur en chef.
Bien qu'ayant réussi à le faire paraître chaque mois jusqu'à la Libération, il ne subsiste de Résistance que quelques numéros, éparpillés dans divers dépôts d'archives. Manquent le numéro 1 et les numéros postérieurs au numéro 6 de janvier 1944.
Hors de ces deux journaux, il n'y a aucune presse locale MUR, pas plus qu'il n'existe de journaux des mouvements qui les composent ou des forces qui les sous-tendent. Aucun groupe local ne tente l'expérience. Pourquoi ? Absence de moyens ? Absence de sollicitations de la part de la hiérarchie ? Priorités autres ? Il faut constater là une différence de taille par rapport aux communistes. Ils ont une autre pratique militante, une autre culture politique que le milieu dans lequel la résistance (socialo-gaulliste) des MUR s'enracine ici. Leur fonctionnement selon le système classique de la délégation de pouvoir exige plus des responsables que d'une base qui se repose sur eux. Henri Michel invoquera la pauvreté pour expliquer l'absence de presse socialiste clandestine dans le Var. L'argument n'est pas à négliger, mais n'est pas satisfaisant à lui seul. Les départements voisins ne sont guère mieux pourvus. Les difficultés épisodiques de diffusion, la rareté des titres, le petit nombre de tracts créés ou répandus renvoient à la conception de la propagande, mais aussi à celle de l'action en général. L' “ attentisme ” n'est pas qu'un problème militaire.
Délaissant le terrain de l' “ agitation ”, les responsables MUR, soit une vingtaine de personnes dans le département, mettent toute leur énergie dans l'édification d'un réseau de contre-pouvoirs, c'est-à-dire dans la construction des institutions de la Résistance, préfigurations du pouvoir futur.
4 - Travail souterrain
Favorisés par la nature de leur recrutement et par leur orientation tournée principalement vers le contrôle du pouvoir, les MUR tissent au sein de l'appareil d'Etat tout un réseau d'informateurs, d'agents et de responsables futurs. Travail souterrain, l'expression s'applique à presque toutes les formes de résistance, mais elle est particulièrement adéquate pour le travail de “ taupe ” que réalisent le NAP et le SR
a - Le Noyautage des administrations publiques
“ l'ordre de cesser de poursuivre les réfractaires et de ne plus mener contre eux qu'une campagne apparente ” pour “ ne pas compromettre plus gravement (sa) carrière. ”
ce n'est pas une rodomontade, mais l'expression effective d'un contre-pouvoir en place.
“ Le général de Gaulle gouverne déjà la France par l'intermédiaire de ses représentants. ”38
Le NAP est toujours sur la brèche, sollicité constamment pour préparer une Libération évidemment imminente. Le 21 août 1943, le NAP régional réclame l'envoi d'extrême urgence du plan d'insurrection car
“ les événements vont si vite que l'éventualité d'une insurrection est envisagée. ”
Il faut prévoir immédiatement la mise en place de chefs pour assurer le fonctionnement des grandes administrations. Mais le 6 décembre suivant, cette note est reprise dans les mêmes termes... Le NAP doit donc sans cesse trier ses listes, renouveler ses informations, planifier la prise du pouvoir. Depuis l'été 1943, que de remaniements dans les plans visant à prendre le contrôle des centres vitaux du département !
Mais le NAP est aussi une sorte d'agence à tout faire des MUR. Son responsable des Contributions directes est sollicité pour ralentir l'envoi des feuilles d'avertissement “ impôt-métal ”, le 13 avril 1944. Tel autre doit procurer des laissez-passer et des ordres de mission, fin mars. Le NAP peut faire détruire les fiches des propriétaires de postes de TSF que l'on veut voir échapper à la réquisition de l'occupant. C'est une contre administration au service de la Résistance. On voit même Roustan demander, le 14 mai, à Jean Altieri de fournir des bons pour l'achat de deux chambres à air pour un membre du CDL et de faire activer par un fonctionnaire ami le paiement des sommes dues depuis •. novembre 1940 aux entreprises qui ont travaillé pour la Défense passive...
Le 8 avril 1944, Roustan précise à ses chefs de service que
“ le NAP a trois buts principaux qu'il convient de ne pas perdre de vue
1°) Préparer les épurations futures.
2°) Faire d'ores et déjà fonctionner l'Administration Française en faveur de la résistance.
Il est sûr que la police résistante apporte une aide précieuse en contribuant au sabotage du STO et en fournissant documents et renseignements. Les chefs MUR lui doivent d'échapper à l'arrestation à plusieurs reprises. En surveillant et fichant les “ agents de la Gestapo ”, elle assure les fonctions de service de sécurité de la Résistance.
La préparation de l'insurrection et l'épuration ne correspondront pas à ce qui avait été envisagé. Le NAP n'est pas omnipotent. Il n'est pas le seul maître d'œuvre. C'est une évidence pour l'insurrection que ne cachent pas les nombreux plans conçus avec des données toutes théoriques. Mais dans la préparation de l'épuration elle-même, il n'est que le pourvoyeur de renseignements qui
On est surpris de constater que son chef n'est que très tardivement admis à la commission d'épuration du CDL (en mai 1944). Certains responsables MUR font un travail parallèle et le considèrent comme un concurrent, et, implicitement, comme un gêneur.
b - Le Service de renseignement (SR des MUR)
La responsabilité du SR des MUR en R2 incombe depuis septembre 1943 au Varois Frank Arnal Duquesne ou Gérard. Il succède à François d'Ivernois Lepetit et va le diriger jusqu'à la Libération. Il noue des liens avec d'autres réseaux plutôt anglais, comme Jade, ou américain, comme Ritz-Crocus, que français, bien que sa grande joie, et celle de Sarie qui l'accompagne, soit d'entrer en relation avec le SR Marine au printemps 1944, à Toulon. Cette satisfaction tient plus de la politique (et de la Résistance en général) que du strict renseignement : enfin des éléments de la “ grande muette ” toulonnaise reconnaissent la résistance civile, sont engagés dans le combat qui est le sien et permettent d'envisager en commun la Libération (et la protection) de la ville et du port !
La plupart des résistants actifs des MUR participent à la collecte de renseignements. Un exemple de cette collecte “ ordinaire ” est fourni par Henri Michel qui,
Tous les témoignages rapportent la même chose, d'ailleurs sans que cette activité profite prioritairement au SR de leur organisation, même lorsqu'il s'agit de responsables. On aura l'occasion de le répéter, la confusion des mouvements et des réseaux est complète à la base. D'assez nombreux résistants, parfois en connaissance de cause, d'autres fois à leur insu, fournissent des renseignements à plusieurs réseaux plus ou moins concurrents ou parallèles (Gallia, Brutus, Résistance Fer, etc.).
Autant les MUR sont (relativement) en position de force dans le domaine institutionnel, autant ils sont dépendants dans celui du renseignement qui apparaît au bout du compte comme une activité seconde. Ce n'est pas sans rapport avec la place qu'on leur concède à Londres où l'on préfère s'appuyer sur des réseaux particuliers et privilégier une finalité militaire.
1. La Libération dans le Midi..., op. cit., p. 52.
2. Tém. A. Pierrugues, s. d. (Fonds Masson), et M. Juvénal tém. cit. On en trouve l'écho dans le tém. P. Copeau déjà cité, qui oppose la conception aristocratique et militaire de Combat à celle de Libération pour qui la Résistance est un rassemblement de la population, conception qui est avant tout celle des communistes ou sympathisants, que ne partagent pas forcément tous les socialistes de Libération...
3. Arch. Amigas.
4. Arch. Amigas, circulaire du directoire régional aux chefs de services de la Région et à leurs collaborateurs. Elle prolonge celle du CD des MRU, comme on dit alors, du 18 août 1943 pour “ une nouvelle mise au point sur les attributions respectives des Chefs de Région, des Chefs départementaux, des Chefs de Services Nationaux et des Chefs de Services Régionaux ” pour “ renforcer la structure départementale ”.
5. Arch. Amigas, lettre au secrétaire régional Montgeron (Gérard Hermann), 29 novembre 1943.
6. Arch. Amigas, lettre à Juvénal, 15 mars 1944. L'augmentation est importante par rapport à janvier où le Var n'a encore reçu que 50 000 F dont 20 000 pour le SS et 30 000 pour l'AP et l'AS.
7. D'après Burdet, le budget de R2 est de cinq millions de francs en mars 1944, de 6,820 millions de francs en avril (plus 680 000 F fournis sur son propre budget) et onze millions reçus en juin (SHA, 13 P 16, rapport sur son activité en France, dactyl., 21 janvier 1959).
8. Arch. Amigas, lettre de Garrus, 27 février 1944. De son côté, Amigas se plaint à Juvénal des “ doléances émises par cet éternel mécontent ” en lui faisant parvenir un rapport de Soldani, le 15 mars.
9. Tém. H. Michel déjà cité : “ la région de Draguignan, avec Garrus et surtout Soldani, était toujours en révolte contre Amigas ”.
10. Arch. Amigas, organigramme s.d. (mais début 44) qui donne pour l'arrondissement de Draguignan : 1er secteur Aups-Salernes-Comps-Fayence-Callas (chef : Garrus), 2e Besse-Le Luc-Lorgues (Soldani), 3e Fréjus-Saint-Raphaël (Charlot), 4e Saint-Tropez-Grimaud (Le Teinturier) et pour celui de Toulon : 5e Rians-Barjols-Tavernes-Cotignac-La Roquebrussanne-Brignoles-Saint-Maximin (Bertolucci), 6e Hyères-Collobrières-Cuers-Solliès-Pont (Picoche), 7e La Seyne-Ollioules-Le Beausset (Pichaud). Nous ne savons pas quelle était l'organisation antérieure. Une correspondance d'Amigas à Manche (non identifié) s. d., même période, rapporte qu'il a discuté de la réorganisation de l'arrondissement de Draguignan avec Cisson et qu'il a fait des propositions à Bertolucci Lion de La Roquebrussanne pour prendre le secteur de Brignoles en charge. On sait par là la création récente du secteur de Saint-Tropez.
11. AN, 72 AJ 199-200, circulaire s.d., "Le chef d'arrondissement aux chefs cantonaux".
12 . Trois tracts sur lesquels nous reviendrons en traitant du CDL.
13. Arch. Amigas, rapport du 29 novembre 1943 au CD des MUR L'un des textes émane des services régionaux et l'autre du département.
14. Arch. Amigas, intervention d'Amigas auprès du CD des MUR, le 14 novembre 1943, en faveur du commissaire S. et de l'inspecteur R. dont il atteste des sentiments résistants.
15. Comme d'autres grands résistants de la région, politiquement atypiques et aigris, par exemple Mentha ou Salvatelli, chef régional AS. Ce dernier écrit à Amigas le 2 juin 1947 : “ Les uns ont eu de la chance, ont su nager, les Sarie, Arnal, Maxence se sont sucrés... Heureusement “ Grand Charles ” est là et veille, bientôt nous espérons qu'il reprendra le manche et alors certains déchanteront ” (Arch. Amigas). Si nous citons cette lettre, c'est parce que nous la croyons significative d'un l'état d'esprit qui est l'une des composantes du succès du RPF. Ajoutons qu'à sa mort le Conseil général du Var, présidé par E. Soldani, et ses camarades de Résistance rendront hommage à Amigas dans une brochure qui lui est spécialement consacrée (Henri-Emile Amigas, Aubagne, 1969).
16. Mme Dufour Bernard (née Fraysse), de La Seyne, première responsable du SS, est critiquée (arch. Amigas, lettre du 15 novembre 1943). Sur ce service, tém. G. Amigas, Rapport sur le COSOR, s.d. (Fonds Masson) et AN, 72 AJ 47, 31 décembre 1955. Elle est aidée, à temps plein, par Mme Ziegler (Combat) et deux gérantes d'un magasin Casino (Mme Signoret, déjà condamnée pour “ propagande antinationale ” en septembre 1941 et sa mère, Mme Julien).
17. Arch. Amigas, lettre de J. Garrus, 27 février 1944 : il a prévu des secours pour les familles des deux tués de Signes de son secteur (Valcelli et Venturrucci) avec l'accord de Bernadette Ratier Dorothée, responsable du SS en R2.
18. Arch. Amigas, lettre du 12 mai 1944 : Amigas demande des instructions face à ce refus.
19. Quelques exemples in V. MASSON, La Résistance ... op. cit., p. 54.
20. Tém. V. Bellaguet, tém. cit., qui sera une des victimes de la répression avec d'autres éléments importants de la Résistance à Hyères. Les responsables de la chaîne cumulent évidemment d'autres responsabilités, en particulier dans le renseignement. Sur cette affaire, G. ROUX, op. cit., p. 32 et J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 94, rapport du préfet du 3 juin. Les départs de réfractaires sont organisés par le vulcanisateur Vincent Hutchinson, âgé de 24 ans, et convoyés dans la région de Thonon par un sous-officier en retraite (Alexandre Baisamy).
21. Arch. Amigas, lettre de J. Garrus, 27 février 1944, qui lui adresse de fausses cartes à tamponner et réclame leur retour “ de TOUTE URGENCE ”.
22. Arch. Amigas, lettre du 15 mars 1944. Les trousses promises par le service régional sont toujours attendues en mars.
23. Tém. H. Michel déjà cité et Quatre années • op. cit., p. 129, où il décrit la genèse de ce “ journal pas comme les autres ” dont il avait rêvé.
24. Reproduction en annexe.
25. Tém. H. Michel déjà cité : l'équipe marseillaise (Leenhardt, Defferre, Manicacci) devait même assurer la parution du journal en cas de panne d'électricité à Toulon. Finalement, Leenhardt n'aurait pas fourni les moyens promis pour assurer sa création...
26. N° du 31 mars 1944, reproduit in S. ISSAUTIER, La Résistance en Vaucluse, Avignon, 1980, document 58 bis.
27. L'imprimeur toulonnais est décrit sans indulgence par H. MICHEL, Quatre années • op. cit., p. 177 (pas d'opinions bien arrêtées, ambition de développer son imprimerie après-guerre, dévouement et prix raisonnable, mais spécule sur la hausse du prix du papier fourni). Notons cependant que c'est chez lui que Libération (par l'intermédiaire probable de Cisson) fera imprimer le programme du CNR, Les Jours heureux, en avril 1944.
28. Reproduction du n°3 de février 1944 in V. MASSON, La Résistance ... op. cit., p. 47. Sur sa diffusion, Roustan, tém. cit. et voir infra, ch.II - A, le passage sur les problèmes qu'il rencontre pour Libération. Les deux diffuseurs arrêtés le 13 mai 1944 portent les deux journaux.
29. Citations en exergue : “ En l'an 102, aux Sources de l'Arc, au pied du Mont Sainte-Victoire, les Cimbres et les Teutons furent anéantis ”. Dans le n°1, il y avait aussi : “ Je détruirai progressivement la France : Hitler - Je tiens mes promesses, même celles des autres : Pétain ” et “ La guerre n'est pas aussi sérieuse que la servitude : Vauvenargues ”.
30. Article “ Vers un grand parti du travail ” signé “ un socialiste ” dans le n°1 de décembre 1943 et réponse dans le n°3 de février 1944. Écho des discussions qu'il avait avec Cisson dans H. MICHEL, Quatre années ... op. cit., p. 126-129, sur un parti où les socialistes apporteraient “ leur doctrine, leur expérience des questions politiques et sociales ” et la “ résistance ”, “ le sang nouveau, la jeunesse et le caractère ”.
31. N°4 du 31 mars 1944, article “ Le message de Frédéric Mistral" ” signé M.M.
32. N°4 du 31 mars 1944, article de première page “ Contre l'attentisme ! Pour l'action disciplinée ! ”.
33. Autre trace de la fonction institutionnelle que les MUR assument. L'inverse serait difficilement concevable. Reproduction de Résistance, juin et septembre 1943, in V. MASSON, La Résistance ... op. cité, p. 52-53.
34. N°5 de décembre 1943, article “ Dernier quart d'heure ! ” signé Martial et Margues (“ C'est 89 et non des cours à l'eau de rose qu'il nous faut ”).
35. J.-L. CRÉMIEUX-BRILHAC, op. cit., t. 4, p. 202.
36. AN, 72 AJ 199-200, Circulaire aux chefs cantonaux, s.d., mais vers fin janvier-début février 1944, partiellement reproduite in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 134.
37. P. G. de BÉNOUVILLE, op. cit., p. 219, le dit bien (grâce à lui, la France a été “ noyautée, investie, conquise ”).
38. ADBdR, Cour de Justice d'Aix-en-Provence, dossier 37, document déjà cité, s.d., mais vers décembre 1943.
39. Tém. M. Maurin 1981. Les responsables régionaux du NAP, Benjamin Crémieux Lamy et son adjoint Pierre Bernheim Lancien sont arrêtés en avril et mai 1943.
40. Tém. F. Roustan, 25 mars 1948 (Fonds Masson) et tém. oral 1973. La responsabilité du Var lui est attribuée après une réunion à Paris où Cisson l'a mené, le 9 mars 1944. Le NAP du Var est assez bien connu grâce aux archives que Roustan a déposées au Comité de la 2e Guerre Mondiale. Sauf mention contraire, tous les documents cités proviennent de ce fonds.
41. Arch. Roustan, rapport au chef régional, 17 décembre 1942. L'armée qui était mentionnée dans la circulaire fondatrice du 25 novembre ne l'est plus par la suite. Un rapport du 20 août 1943 étend les instructions à la SNCF, au ravitaillement, à la presse et à la censure.
42. Arch. Roustan, établissement de listes, d'urgence comme toujours, avec le réseau Ajax (26 avril 1944) et circulaire du 12 mai 1944 pour l'ouverture de dossiers personnels sur les profiteurs économiques et politiques de l'Occupation.
43. Tém. Péretti Barthélémy, responsable départemental adjoint NAP-PTT, lettre à H. Michel, 12 novembre 1945 (Fonds Masson).
44. V. MASSON, La Résistance ... op. cit., p. 45. Les responsables sont Etienne Taboureau Dimanche, sous-chef de gare à Toulon (qui renseigne Custaud) et Marcel Caillat qui travaille avec le réseau Jade.
45. Arch. Roustan, circulaire Définitions du N A P et instructions, reproduite in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 135.
46. Arch. Roustan, lettre à J. Ferrari, 2 avril 1947.
47. Arch. Roustan, lettre à J. Ferrari du 2 avril 1947.
48. Arch. Roustan, citations tirées de la note de Roustan après son entrevue avec Braudel, le 16 mai 1944.
49. M. BAUDOIN, op. cit., p.84 et lettre de Fortoul à Avinin, 16 mars 1943, déjà citée.
50. H. Michel, tém. cit.
51. Sur le SR MUR et la liste de ses sous-réseaux, tém. Jean Arnéodo Raoul, agent de liaison d'Arnal, reproduit in V. MASSON, La Résistance ... op. cit., p. 64-65. Par contre, le tém. Arnal, déjà cité, est décevant sur ce point. Ce SR est appelé aussi Kasanga.
52. Grâcieuse Bonnafoux, qui sera libérée en janvier 1944, allait chercher un plan de sous-marin dans l'arsenal. Arnal peut échapper au SD. Cazelles attribue l'échec de l'opération (qu'il situe par erreur en décembre) à un agent double (tém. déjà cité).