Au moment où les Allemands prennent en main la lutte contre les maquis, commencent les bombardements de Toulon. Au choc psychologique qu'ils provoquent, aux destructions et aux évacuations qu'ils entraînent, s'ajoutent l'angoisse de l'entrée dans un nouvel hiver de privations et les effets de nouvelles contraintes imposées par les occupants. La fin de l'automne 1943 a finalement plus d'importance que son début. La vie quotidienne se trouve bien davantage bouleversée par ce qui commence que par l'installation des Allemands. Les espérances de septembre se sont évanouies. S'ouvre une nouvelle période d'attente exaspérante. Les tensions s'accumulent. La résignation s'efface devant la volonté plus répandue de participer au combat. Le temps des bombes est aussi celui de l'action. La guerre est aussi, même très limitée, une guerre civile.
1 - Bombardements et exode urbain
2 - L'opinion retournée ?
Il ne manque pas de partisans de la collaboration pour caresser l'espoir que les bombardements retourneront l'opinion en faveur de Vichy ou des Allemands. C'est se faire beaucoup d'illusions, mais leur impact n'en mérite pas moins l'étude pour savoir comment il agit sur l'opinion.
3 - Nouvelles contraintes
a - Les évacuations obligatoires
b - L'embrigadement de la main d'œuvre
4 - La répression allemande
a - La répression militaire
b - La répression policière
- Elle frappe d'abord davantage de monde : 759 arrestations (y compris de courte durée) au lieu de 525 pour une période à peu près comparable de neuf mois. La différence est encore plus grande si l'on fait abstraction pour les Italiens de l'exceptionnel mois de juillet 1943.
- Elle est aussi plus sévère, d'autant qu'à ces arrestations, devraient être ajoutées les résultats des rafles opérées contre les réfractaires.
- Mais la principale différence ne tient pas tant au fait de la quantité que de la “ qualité ” des victimes. Les petits trafics occupent la moitié moins de place (7,5 au lieu de 14,2 %). Les altercations, les moqueries, les attitudes arrogantes qui tiennent une si grande place avec les Italiens (20 %) ont presque disparu (2,4 %). On ne se moque pas du Führer comme du Duce. Craintive, méfiante, la population n'a pas les mêmes relations avec les Allemands. Elle reste sur sa réserve. Toutes les mesquines vengeances, les dénonciations que regroupent les rubriques “ activités anti-italiennes ” ou “ opinions hostiles ” (11 et 19 %) se sont considérablement réduites. La répression allemande est plus précise, plus ciblée sur des activités qui touchent à une forme ou l'autre d'une résistance, il est vrai, plus répandue. La participation à la Résistance et l'aide apportée aux Italiens en fuite ou aux réfractaires fournissent l'essentiel des arrestations (35 % au lieu de 12,4 %) avec la sordide traque des Juifs (14 %) et les prises d'otages ou ce que l'on peut leur assimiler (arrestations de gendarmes et policiers, de possesseurs d'armes, d'officiers en mai 1944 : plus de 20 %). Souvent aveugle, la répression allemande essaie d'affaiblir les milieux potentiellement favorables à la Résistance.
- L'aire géographique qu'elle touche est plus grande que celle de son homologue italienne (92 communes au lieu de 55). Celle-ci restait confinée aux bourgades sensibles (par leur position géographique ou l'état des relations entre immigrés et autochtones) du littoral et du Moyen-Pays. Celle-là s'élargit comme la Résistance elle-même, en suit les traces, particulièrement celles des groupes qui pratiquent l'action armée.
- La Geheim Feldpolizei (police secrète de campagne, sorte de Sécurité militaire) dont l'état-major est à Hyères participe activement à la lutte contre le maquis, en liaison avec les “ Brandebourgeois ” et avec l'appoint de transfuges italiens de l'OVRA. La brutalité de ses interrogatoires n'a rien à envier à celle du SD. L'antenne de Grasse déborde parfois dans l'Est Varois et effectue quelques arrestations dans la région de Fayence.
- La Feldgendarmerie contrôle surtout la répression dans le centre du Var, en particulier dans la région de Brignoles où se trouve le commandement de la 242e Division dont elle dépend. Ces deux services dépendent de l'Abwehr tout comme ceux de la Kriegsmarine.
- Il arrive que des commandos (partiellement français), venus de Marseille ou d'Avignon, liés à des services allemands spécifiques, interviennent ponctuellement dans le Var. Ainsi la bande de Palmieri Merle, l'une des plus tristement célèbres de Marseille, fait-elle dix arrestations de Juifs dans le Var.
- L'essentiel de la répression est cependant aux mains du Sipo-SD Ses antennes varoises dépendent du tristement célèbre 425 de la rue Paradis, à Marseille. Le SD régional envoie lui-même certains de ses agents dans le Var, à l'insu des antennes locales, quand il est sur des “ coups ” importants. Ce sont, par exemple, les hommes de Pavia (PPF) qui interceptent, pour son compte, une équipe du réseau américain Azur, débarquée à Ramatuelle en mai 1944. En outre, il arrive que l'équipe de Cannes intervienne à Saint-Raphaël.
On comprendra donc qu'il soit difficile de démêler l'écheveau que forment tous ces groupes.Les agents possèdent souvent les traits de cette collaboration de “ pauvres types ”, bien campés par le Lacombe Lucien de Louis Malle : de jeunes sous-prolétaires recrutés au hasard d'une rencontre ou d'une arrestation en situation irrégulière, attirés par le pouvoir que donne la proximité de maîtres (qui les méprisent), par l'argent et les armes qui leur sont attribués. C'est une collection de garçons et de filles que les circonstances ont marginalisés un peu plus : délinquants ou prédélinquants français, étrangers “ perdus ” (un réfugié espagnol de 18 ans, des soldats italiens), des jeunes femmes facilement séduites, devenues les maîtresses des Allemands et leurs plus fidèles auxiliaires. Ces tristes recrues, peu politisées, ne “ tiennent ” en général que quelques semaines, parfois à peine quelques jours. Sans formation policière, leurs manières voyantes, tapageuses les font vite repérer sous leur apparence de réfractaires ou de maquisards.
5 - Les desperados de la collaboration
Pour la poignée de militants prêts à suivre les chefs aussi loin qu'ils le demanderont, l'automne 1943 est donc une sorte de tournant. C'est le moment du choix de l'engagement total aux côtés des Allemands.
1. Le Petit Var, 20 août 1943, reproduit in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 97. L'appel a été motivé par l'absence de réactions de la population lors des alertes.
2. ADV, 1 W 23, Rens. gén., 22 novembre 1943 et 1 W 21, idem, 4 décembre : la population n'avait pas réalisé que la menace était sérieuse. Elle plaignait les habitants des villes du Nord, mais c'était loin...
3. Ce chiffre est tiré des ultimes statistiques publiées et ne comprend que les victimes françaises (J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 117 : État statistique des victimes des bombardements depuis l'armistice, 22 mai 1944). La mairie de Toulon s'en tient à 484 morts.
4. Pour le réseau de résistance, AN, F 1a 3 936, information du 11 décembre 1943 et pour le Groupe Collaboration, ADBdR, Cour de Justice d'Aix-en-Provence, dossier 15, rapport à la direction nationale, 1er décembre 1943.
5. AN, F 1a 3 922, Rapport sur la vie sur la côte méditerranéenne en mars 1944, 18 mars, décrivant la panique du 15 à 10 heures 30 et ADBdR, M6 III 42, préfet, 18 mars 1944 : les obsèques des victimes du bombardement du 11 ont eu lieu ce jour-là, mais le bruit a couru qu'il y aurait bombardement pendant leur déroulement, aussi y a-t-il eu peu de monde (et une fausse alerte à la fin de la cérémonie).
6. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 25 mars 1944 : certaines personnes arrivent vers 9 ou 10 heures du matin. Les offres d'emploi portent l'indication du quartier où se situent les chantiers.
7. Télégramme d'un réseau de renseignement en rendant compte, reçu à Londres le 8 mars, et se terminant par “ Bravo ! ”, reproduit in Le Var de 1914..., op. cit., document 97 B.
8. AN, F 1a 3 938, compte rendu à Londres, 15 mai 1944.
9. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 4 et 23 mars 1944 : beaucoup de Toulonnais refusent de partir dans la Drôme et en Isère. La mission seynoise du Syndicat des métaux s'y est rendue début mars.
10. Tract “ Est-ce cela la libération ? ”, reproduit dans Le Var de 1914..., op. cit., document 73.
11. ADV, 3 Z 4 9, Rens. gén., 19 février 1944.
12. ADV, 1 W 28, 3 janvier 1944, rapport mensuel de décembre 1943
13 Ib.1 W 21, Rens. gén., 18 mars 1944. Ils montrent le numéro du 1er décembre 1940 portant en titre : “ Les villes étrangères sont vouées à une destruction méthodique ”.
14. ADV, 1 W 28, 3 janvier 1944.
15. R. PAXTON, op. cit., p. 289, étant entendu qu'évidemment ils ne veulent pas pâtir de ces combats.
16. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 18 mars 1944 : expressions tirées de ce rapport où l'on note “ la grande haine vouée aux Anglo-américains qui bombardent les villes sans distinguer, ou si peu, les objectifs militaires des quartiers d'habitations ”, et 3 juin : “ on ne saura bientôt plus qui des Anglo-Saxons ou des Allemands nous aura fait le plus de mal ”.
17. AN, 72 AJ 440, Fonds Cochet, Services spéciaux. Extrait du courrier journalier n°291, 28 mars 1944. Autres réactions après ce même bombardement du 11 mars : “ on sent une levée de boucliers contre les Alliés que l'on traite de "salauds" et "d'assassins" ”(idem, F1a 3937, réseau Edouard) et après celui du 29 avril sur La Seyne : il “ fait perdre aux alliés les sympathies si ardentes dont ils jouissaient ” (F1a 3938, 2 mai 1944).
18. Télégramme déjà cité du 28 mars 1944. Autre réaction : “ les Anglais sont plus civilisés et meilleurs aviateurs ” (1 W 21, Rens. gén., 18 mars).
19. ADBdR, M6 III 42, préfet, 16 mars 1944.
20. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 13 mai : réflexion entendue chez les ouvriers. Remarques dans le même sens 1 W 11, Rens. gén. Brignoles, 25 mars, 3 Z 4 9, Rens. gén., 19 et 25 février, 1 W 21, idem, 1er avril 1944.
21. ADV, 16 janvier 1944 : les membres des anciens partis en question semblent correspondre à des informateurs aux contours peu précis, de tendance radicale et socialiste. Confirmation dans la région de Cannes-Antibes dans la réponse au questionnaire politique envoyé par le BCRA en octobre 1943 : la rapidité de l'avance russe, comparée à la lenteur de celle des Anglo-Saxons, fait considérer les Russes comme les seuls libérateurs, même dans la bourgeoisie qui leur était hostile jusque-là (AN, F1a 3 756, n°111, Nenuphar RC 18, 4 décembre 1943).
22. ADV, 22 janvier et 3 Z 4 9, idem, 25 février 1944 où l'on note ce “ revirement si net ” car, chez les gaullistes, “ tout le monde a perdu peu ou prou confiance et on ne se réconforte plus qu'à l'idée que les Russes, qui portent un coup fatal aux forces du Reich, nous apporteront le salut espéré ”.
23. ADV, rapports du mois de mai 1944 et 3 Z 4 9, 29 avril.
24. ADV, 13 mai 1944.
25. ADV, sur Hyères, 1 W 13, Pol., 25 mai 1944, sur Saint-Raphaël, 1 W 14, idem, 16 février. Récapitulations générales et pièces diverses en 1 W 67.
26. B. VALLOTON, op. cit., p. 154-155, reproduites in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 113. Sanary a été partiellement évacué entre la mi-novembre et le 14 janvier 1944 (880 personnes). Le sursis du quartier du port est levé le 19 février et l'évacuation doit se faire dans les 48 h.
27. ADV, 1 W 24, Rens. gén., 9 février sur les premières rumeurs d'évacuation et 3 Z 4 9, idem, 11 mars 1944 sur les intentions prêtées au gouvernement. Dossier en 1 W 66.
28. La polémique est rude et remonte jusqu'à Vichy. Le préfet maritime fait rédiger un mémorandum pour le gouvernement, le 24 mars, où est dénoncée l'attitude du délégué du préfet et du maire de Toulon, accusés de passivité et de jalousie devant les résultats obtenus par la marine. Le préfet réplique le 8 mai et stigmatise les mensonges et la duplicité des marins qui considèrent la ville comme leur fief (ADBdR, M6 III 42 et ADV, 1 W 66).
29. ADV, 1 W 28, 28 janvier 1944.
30. AN, F 1a 3 921, Rapport sur le départ de main d'œuvre en Allemagne du 1er février au 30 avril. Nos chiffres donnent un total de départ un peu supérieur : 181.
31. ADV, 1 W 13, Pol. Hyères, 15 et 29 janvier, 1 W 21, Rens. gén., 1er avril 1944 : 400 à Hyères et 400 à Toulon.
32. AN, F1a 3 936, information non datée.
33. En mettant la main sur le centre d'hébergement des requis géré par le commissariat français de la Main-d’œuvre
34. D'autre part, les repris de justice sont incités à se porter volontaires (1 W 24, Rens. gén., 12 janvier 1944).
35. ADV, 3 Z 4 9, Rens. gén., rapports hebdomadaires à partir du 29 avril, qui suivent de près l'activité de ce groupe dont le chef est P. Vedovini.
36. J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 109. Ce régime est celui que connaît la zone Nord.
37. Nombreux exemples de confusion dans le vocabulaire dans les rapports des Rens. gén. Un incident significatif à La Seyne : le 12 février 1944, lors du recensement des hommes concernés, le maire, vichyste fidèle, ancien officier, excédé par la bousculade, menace d'envoyer tout le monde au STO pour 15 jours et les présents de conclure qu'il veut les faire partir en Allemagne... (1 W 52, La Seyne, Pol. locale, 26 février 1944).
38. Elle s'engage d'autant plus mal que, d'après le préfet maritime qui s'en plaint, la préfecture du Var a fait preuve d'une grave carence en fournissant aux Allemands un chiffre de requis possibles si élevés qu'ils le réduisent eux-mêmes des 2/3 (SHM, TT T 1355, compte rendu hebdomadaire, 8 janvier 1944).
39. ADV, 1 W 24, Rens. gén., 14 mars 1944 : à La Crau, 250 à 300 hommes sont requis une semaine sur deux.
40. ADV, 1 W 24, Rens. gén., 15 avril 1944. Le préfet cite aussi l'exemple des Mayons où 50 hommes sur 52 sont requis (ADBdR M6 III 42, 31 mars).
41. ADV, 1 W 52, Sanary, Rens. gén., 19 février 1944. Plus de la moitié des paysans fait défection par endroits. Les hommes refusent de partir s'ils ne sont pas assurés de rentrer chez eux le soir (1 W 21, Rens. gén., 25 mars).
42. ADV, 1 W 24, Rens. gén., 20 mars et 1 W 21, idem, 13 mai 1944. Les volontaires touchent 150 F par jour au lieu de 55 pour les requis
43. À Six-Fours, le maire est menacé s'il ne fournit pas 100 hommes et cent femmes, qui s'ajouteront à des requis précédents, dans les 24 h., le 7 mars (1 W 53, Rens. gén., 8 mars, déjà la 17 février, les Allemands ont réquisitionné 50 femmes, en plus des 65 qui travaillent déjà pour eux). Incidents à Ollioules où 150 requis refusent de partir à Saint-Mandrier en apprenant qu'ils doivent y rester quatre jours. Le lendemain, la Kommandantur exige 239 hommes avec six jours de vivres qui s'ajouteront aux 61 finalement partis la veille avec la promesse, non tenue, de rentrer le soir (1 W 21, idem, 25 mars : l'affaire se passe le 22). Incidents aussi à Pignans où le maire est accusé de ne fournir que des malades ou incapables (ib., 4 mars 1944).
44. ADV, 1 W 13, Pol. locale, 25 mars 1944. Ils menacent aussi de faire évacuer davantage de population.
45. ADV, sources dispersées entre 1 W 43, Hyères, 1 W 13, Pol. locale et 3 Z 4 19, Rens. gén. : le départ du maire est exigé le 6 avril. Il est remplacé par son premier adjoint, jugé plus compréhensif. Le maire se défend en rappelant le nombre de Hyèrois au travail pour les occupants et les raflés gardés plusieurs semaines (3 Z 4 19, 8 avril).
46. ADV, 1 W 24, sur Toulon, Rens. gén., 22 avril 1944 : les Toulonnais sont envoyés aux Sablettes (La Seyne) et forment une 18e compagnie sous les ordres directs des Allemands. À Hyères, quatre compagnies sont mises sur pied.
47. ADV, 1 W 21 sur La Crau, Rens. gén., 6 mai 1944 : 160 présents sur 300 requis et sur Le Lavandou, 1 W 25, idem, 15 mai.
48. ADV, 1 W 33, Les Arcs, lettre de démission, 12 mai. Idem à Entrecasteaux où l'adjoint démissionne le 8 devant les attaques dont il est l'objet alors qu'il remplace le maire, mis en congé car “ atteint dans son équilibre nerveux ” pour les mêmes raisons (1 W 41, Entrecasteaux, Rens. gén. 21 avril 1944).
49. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 3 juin 1944 : aucun volontaire n'a pu être trouvé malgré la promesse de libérer 300 prisonniers.
50. ADV, sources éparpillées en 1 W 23, 68 et 71 (notamment Gend. 11 et 12 novembre, rapport de la Sûreté), cabinet 534 et 816 1, 1 W 114 dossier Ar., Cour de Justice de Toulon procès-verbaux 1. L'opération a commencé à Collobrières à 5 heures du matin. Le ratissage des bois et des fermes aurait abouti à l'arrestation d'une vingtaine de réfractaires et soldats. Aux Mayons, à la même heure, l'investissement du village s'accompagne de nombreux coups de feu. Tous les hommes sont rassemblés, quatre ou cinq Italiens, dont un lieutenant blessé, sont pris. Ces soldats avaient refusé de se joindre au maquis FTP voisin. Sur les douze otages, les Allemands en relâchent quatre quelques heures après. On reproche aux gendarmes d'aider le maquis et de ne pas arrêter les Italiens, ce qui est en partie vrai pour ceux de Collobrières. Sur Les Mayons, J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 139 (Gend. 10 novembre 1943). Le 23 novembre, une autre opération aboutit à l'arrestation de sept Italiens et réfractaires à Collobrières.
51. ADV, 3 Z 4 13, Rens. gén., 22 octobre 1943 : le groupe stationne dans une villa isolée du quartier du Cap Brun à Toulon. Probablement se transporte-t-il à Bandol peu après. Il dépend de la 8e Cie Brandebourg dont le PC est à Villeneuve-lès-Avignon. La compagnie est répartie en détachements de 30 ou 40 hommes pour les groupes dits militaires et de 8 à 10 hommes pour les groupes dits civils, qui comprennent les plus fanatiques (souvent venus du PPF). C'est le service action de l'Abwehr. Son école se trouve à Pont-Saint-Esprit. Description dans P. GAUJAC, op. cit., p. 39-40. L'étude de ces unités qui ont porté les coups les plus rudes aux maquis reste à faire.
52. J. GARCIN, De l'armistice à la libération dans les Alpes de Haute-Provence, 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, 1983, p. 196. et ADBdR, Cour de justice d'Aix-en-Provence, dossier 178. L'attaque se solde par 4 morts et 23 arrestations dont celle de 12 maquisards.
53. Sur le maquis et l'attaque de Signes, voir supra 3e partie, chapitre IV E. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 22 janvier 1944 : arrestation à Bras le 18 janvier d'un couple d'hôteliers, d'un médecin et de deux gendarmes de Saint-Maximin qui avaient “ fraternisé ”. L'affaire est bénigne et ne se traduit que par deux jours de prison (mais un gendarme est sanctionné par un internement à Nexon). Sur Correns, 1 W 39, plaintes du maire le 14 février, trois jours après. Les auteurs sont deux individus armés de mitraillettes.
54. Ils avaient laissé à la place un texte satyrique, reproduit in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 104.
55. Un exemple imprimé dans la remarquable étude de J. GARCIN, op. cit., p. 196 alors que la Milice ne participe pas à l'affaire.
56. Reproches généraux de vols et de violences envers les femmes. Typique du souvenir laissé par ces hommes, les anecdotes rapportées par J. ROBICHON, Le débarquement en Provence, Paris, 1962, d'un Arménien fait prisonnier le 15 août et sur lequel on aurait trouvé une collection de doigts humains (des annulaires avec leur alliance !). Sur la porte du cantonnement, aurait même été crucifié un bébé de quelques mois... (p. 523-524, Paris, 1964). Aucune source locale n'atteste de telles horreurs, sorties tout droit du légendaire colonial.
57. Incendie de fermes inhabitées à Brue-Auriac et Saint-Martin-de-Pallières le 16 janvier, perquisitions et arrestations dans les fermes et hameaux entre Bormes et Collobrières le 10 janvier (deux soldats italiens tués), contrôle de la population et perquisitions au Vieux Cannet-des-Maures le 19 mars, à Vérignon le 25, etc.
58. Voir diagramme en annexe.
59. La plus complète est fournie par le registre d'écrou de la prison allemande de Toulon dont nous avons dépouillé les 492 noms. Mais il ne concerne que la répression menée dans l'aire toulonnaise par le SD de la ville. Il doit être complété par les sources françaises éparpillées entre les divers rapports ou informations de police (surtout en 1 W 69, 70 et 71, dossiers du cabinet, mais pas exclusivement). La source la plus exhaustive serait assurément le registre d'écrou de la prison marseillaise des Baumettes par où transitaient tous les prisonniers de la région, mais nous n’avons pu le retrouver.
60. Étude déjà citée et compte rendu de communication dans le Bulletin du Comité d'Histoire de la 2e Guerre mondiale n° 235, mars-avril 1979.
61. Pour l'antenne du SD de Toulon, 16 agents recensés de façon sûre et 33 autres possibles. Très peu de femmes et d'étrangers. Apparemment pas de strate d'informateurs bénévoles autre que celle que les partis collaborationnistes assurent.
62. 45 opérations et 81 arrestations supplémentaires lui sont peut-être attribuables.
63. En particulier ceux de Barjols et La Roquebrussanne. Ceux du Luc signalent aux Allemands la présence d'Italiens dans les bois de Collobrières et Flassans le 2 décembre, en sachant qu'il s'agit de maquisards FTP (ADV, 1 W 68, 3 décembre 1943).
64. Refus de donner les noms de Juifs, de communistes, de gaullistes ou d'officiers à Fréjus le 14 février, à La Londe le 23, à La Crau le 15 mars.
65. Extraits des rapports du Sipo-SD de Draguignan de février et mars 1944, cités in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 138.
66. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 9 janvier 1944.
67. Mesure prise à la suite d'un attentat à la grenade fait par les FTP-MOI le 27 février. On a pu remarquer aussi l'interdiction de circuler seul depuis le 1er décembre 1943, la possibilité annoncée d'ouvrir le feu sans sommation la nuit (18 janvier). On relèvera après la menace de fusiller ceux qui feraient du feu la nuit et l'obligation de déclarer les parachutages (16 mars).
68. L'appel public de Darnand pour l'engagement paraît le 6 novembre 1943 dans Combats. Sur ce geste, voir J. DELPERRIE de BAYAC, op. cit., p. 212-220. À Toulon, la Milice organise la projection du film “ La vie du S.S. ”, le 20 novembre, sans grand succès (70 à 120 personnes). Sur l'explication du geste, circulaire du chef départemental du 21 octobre in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 102.
69. Pour le premier, ADV, Cour de Justice de Toulon 22 et pour le second, ADBdR, Cour de Justice d'Aix-en-Provence, dossier 159.
70. D'abord au stade Mayol, à Toulon, fin octobre, puis sur les pentes du Faron à partir du 14 novembre (par ex. ADV, 3 Z 4 13, Rens. gén., 27 octobre 1943 : entraînement au tir au pistolet avec 18 cartouches chacun, moyennant 1 F par cartouche).
71. ADV, 3 Z 4 13, Rens. gén., 23 octobre 1943 : les Allemands auraient promis des armes automatiques en contrepartie de la formation d'une unité de Waffen-SS de 400 hommes. Dans le Var, ils ne fournissent que quatre fusils Gras et des grenades VB (qui auraient été repris le lendemain, idem, 12 novembre) et pas les mitraillettes attendues pour le 29 octobre. Les armes seront fournies un peu plus tard quand les miliciens participeront au combat contre les maquis.
72. Ils sont une dizaine, revenus, dit la police, “ enthousiastes ” de leur expédition savoyarde car les Allemands, “ compréhensifs ”, leur ont fourni des armes et la Résistance a été “ presque étouffée ” (1 W 21, Rens. gén., 4 avril 1944).
73. Le Petit Var, 25 octobre 1943. La rumeur vient du fait que les miliciens participent au contrôle des gardes-voies.
74. Chiffre sans doute tiré des soixante autorisations de port d'arme (dont une cinquantaine à Toulon) demandées en novembre.
75. ADV,, 1 W 11 et 13, Pol. Fréjus, Saint-Raphaël et Hyères, 24 novembre 1943. Cette prudence tranche avec l'attitude des anciennes sections SOL.
76. ADV, 1 W 24, Rens. gén., 6 janvier (enthousiasme des miliciens qui croient jouer désormais un rôle décisif) et 1 W 21, idem, 12 février 1944.
77. Ce qui correspond d'ailleurs à une directive nationale du secrétariat général de l'organisation du 21 janvier 1944 (ADV, Cour de justice de Draguignan, arch. de la Milice de Roquebrune).
78. Sur Roquebrune, idem dossier Th. : liste du 6 janvier 1944. À Toulon, le 2e Bureau paraît contrôlé par le SD. La Milice ne participe pas encore aux arrestations de résistants (sauf dans le cas d'un jeune maquisard remis aux Allemands, précisément en janvier 1944, d'où la réaction du chef départemental pour interdire semblable initiative).
79. Résistance n°6, janvier 1944, éditorial de J. Cazelles (responsable MUR de l'arrondissement de Draguignan) où l'on peut lire aussi que “ Darnand et sa Milice nous ont déclaré la guerre ”.
80. Créé en novembre-décembre 1943, cet organisme, financé par de l'argent pris aux Juifs, est la dernière mue des syndicalistes de la tendance Belin.
81. ADV, 1 W 24, Rens. gén., 22 avril 1944.
82. Ainsi à Fréjus-Saint-Raphaël où les PPF rallient la section milicienne qui comprend 15 membres (1 W 11, Pol. locale, 26 mai 1944). C'est un mot d'ordre national que P. Vedovini, revenant de Paris, confirme le 22 avril (3 Z 4 9, Rens. gén.).
83. En décembre 1943, un PPF de Gassin est exécuté et un militant de Gonfaron réchappe à deux tentatives d'attentats. On apprend à ce moment-là l'exécution à Brest de l'ancien responsable fédéral, Arghyropol.
84. Il a lieu au Fort Blanc. Deux militants sont blessés par une grenade le 18 octobre (ADV, 3 Z 4 33, Rens. gén.).
85. Photographie du groupe à Paris in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 103. Seize hommes y sont le 28 avril (ADV, 1 W 24, Rens. gén., même date). À Marseille, l'équivalent est connu comme “ Brigade Ringo ”. Ces groupes - Schutzkorp en allemand - sont aussi appelés Comité pour la paix sociale. L'entraînement reçu est anti-résistant avant tout.
86. ADBdR, M6 III 42, rapport au préfet régional, 13 mai 1944. P. Vedovini est convoqué par le préfet après l'arrestation, le 8, d'une vingtaine de jeunes danseurs clandestins appartenant à la “ bonne société ” toulonnaise (1 W 21, Rens. gén., 13 mai).
87. ADV, 1 W 136, dossier Mo., rapport interne s.d.
88. Graphique en annexe.
89. ADBdR, M6 III 41, intervention du préfet maritime qui se réfère aux propos, insultants à ses yeux, tenus par Henriot le 29 novembre 1942. Le bombardement de Toulon entraîne l'annulation du projet. Il parle cependant de “ Vos libérateurs, Messieurs ” à Draguignan, le 26, devant 250 personnes.