L'occupation allemande ramène la région au sort commun. Entre la débâcle italienne et le premier bombardement de Toulon, le Var bascule dans la guerre, la vraie, celle que les autres parties du pays connaissent déjà depuis des mois.
1 - Secousses en Méditerranée
D'abord accueillies avec l'inconscience de l'optimisme, les alertes sur la ville créent une véritable psychose en se multipliant et, pour la première fois, dans la nuit du 16 au 17 septembre, les avions alliés ont bombardé un objectif, sinon proche, du moins varois : le viaduc ferroviaire d'Anthéor (Saint-Raphaël).
2 - La débandade italienne
La répression ne se relâche pas les jours suivants. Les arrestations vont se poursuivre, à moindre échelle, jusqu'à la veille de la capitulation. C'est ainsi que Paul Lemoyne, ancien conseiller général socialiste d'Ollioules, est appréhendé le 7 septembre.
Les relations entre Français et Italiens ne se sont pas simplifiées avec le temps. Elles ne se réduisent pas à un affrontement opposant les fascistes aux antifascistes. Communauté déchirée et méprisée globalement, l'immigration italienne doit désormais porter la “croix” de l'Occupation, en plus de celles de la trahison de 1940 et des préjugés habituels. Les affaires que certains des siens ne tardent pas à réaliser avec les Allemands alourdissent le passif, malgré la fidélité à la France de nombre d'entre eux, la neutralité de la plupart et l'engagement résistant de certains (qui ne sont pas les moins virulents à l'encontre de leurs compatriotes, surtout si leur engagement est récent).
Les immigrés sont désormais soumis au lot commun des réquisitions de main-d’œuvre pour l'Allemagne, ou, plus exactement, alors qu'elles s'éteignent peu à peu pour les Français, la conjonction des ressentiments et des mépris (allemand et français) fait qu'elles ne s'appliquent plus qu'à eux.
3 - La débâcle de Vichy
a - Les dernières réquisitions significatives vers l'Allemagne
L'évolution du conflit se répercute dans les courbes des départs vers l'Allemagne. Le volontariat s'effondre durablement à partir d'août. Même sur ce mode mineur et populaire, la collaboration ne fait plus recette, sinon parmi les femmes qui maintiennent leurs effectifs et paraissent indifférentes au vent de l'histoire. Les réquisitions connaissent des soubresauts encore plus importants. Les 447 requis (environ) partis entre juillet et septembre représentent 19 % du total des requis envoyés en Allemagne durant la guerre. Mais, si l'on enlève le mois de juillet, ce pourcentage tombe à 3,2. Cette évolution tient, à la fois, à la poussée de la défaillance et au changement d'orientation qui se profile chez les Allemands où les partisans de la réquisition sur place marquent des points.
L'opinion reste méfiante. Le traumatisme causé par le STO est tel que la peur panique d'une reprise des départs n'est pas prête de disparaître. Les contrôles et des rafles ne persistent-ils pas ? Les jeunes, oisifs ou sans papiers, ainsi récupérés ne sont-ils pas expédiés en Allemagne avec les quelques volontaires qui se présentent encore ?
b - Une atmosphère de fin de règne
Les péripéties italiennes ébranlent les miliciens. La Légion oublie ses déboires en s'occupant de plus en plus d'action sociale (colonies de vacances, évacuations de la population, prévention des bombardements). Elle prend ses distances avec le gouvernement qu'elle hésite moins à critiquer, ce qui n'enraye nullement son déclin. Ne restent dans les villages et les petites villes que quelques noyaux étiques, animés par des receveurs buralistes et des officiers retraités aigris. La crise s'approfondit après le fiasco du 29 août, jour de la commémoration du troisième anniversaire de sa création. Il ne se trouve qu'une cinquantaine de légionnaires et de miliciens pour écouter l'allocution radiodiffusée du Maréchal sur la place de la Liberté, à Toulon, à 11 heures 50. Le secrétaire général de la Légion qui avait été hostile à l'organisation de cette journée en tire la leçon dans un rapport, virulent et lucide, adressé à Laval :
“En effet, DANS L'ESPRIT DES LEGIONNAIRES, notre impuissance est certaine et l'effet moral déplorable. Ceci est confirmé par les démissions qui depuis le lundi 30 août nous arrivent et par les conversations privées que nous avons.
Dans L'ESPRIT DE LA POPULATION NON LEGIONNAIRE, il est maintenant confirmé :
a) que la Légion est un groupement sans importance, incapable d'une action de force, donc à considérer avec indifférence ou ironie.
b) que le gouvernement est hostile à la Légion, puisqu'en plus de l'obstruction systématique qu'elle rencontre dans tous les organes gouvernementaux, les moyens de réaliser ses rassemblements, même lorsqu'il s'agit d'UNITE NATIONALE lui sont refusés.
c) que par un paradoxe curieux, la Légion continue une politique incompréhensible, celle d'appuyer un gouvernement non seulement impopulaire sur le plan général, mais encore hostile à la Légion en particulier, ce qui fait considérer la Légion non comme un groupement indépendant, mais comme un groupement à la solde d'un gouvernement qui le traite avec désinvolture.
d) que par cette attitude, la Légion malgré les affirmations répétées et catégoriques, est à sens germanophile, donc antinationale.
e) que l'unité nationale tentée par la Légion ne peut être réussie par elle, mais au contraire par les groupements adverses, nettement déclarés et agissant contre l'ennemi héréditaire: l'Allemagne.
f) que la Légion n'est plus qu'une œuvre sociale et, à ce titre, malgré tout impopulaire, parce qu'unissant son action sociale qui n'est pas niée à une action politique, dont la ligne est impopulaire du fait de son attachement au Maréchal, et par conséquent, à son gouvernement, qui est honni de l'ensemble de la population.”60 ADV, 1 W 60, rapport du 4 septembre 1943, reproduit plus largement dans Le Var de 1914..., op. cit., document 67.
Rien de ce qui vient de Vichy ne peut suffire à calmer un mécontentement qui dépasse le seul problème alimentaire. Ébranlée par le STO et la pénurie, encouragée par l'évolution du conflit, poussée et, parfois, encadrée par la Résistance, la “masse” sort pour de bon de l'anesthésie politique. Le phénomène s'esquissait depuis 1942. Probablement freiné un moment par l'Occupation à ses débuts, il s'affirme à la fin de l'été de 1943. Il ne s'agit plus des manifestations ponctuelles d'avant, mais d'une mobilisation qui commence à se faire contre “les autres” , surtout contre les occupants, contre Vichy et le Maréchal, contre les nantis qui leur sont assimilés. Solidarités politique, sociale ou communale lui servent de ciment.
c - Une situation alimentaire dramatique
Il est vrai que la situation n'est pas enviable. L'armée italienne ou Vichy ne font plus écran. Les vrais maîtres sont désormais les seuls maîtres.
4 - Les débuts de l'occupation allemande, septembre-novembre 1943
Les Allemands s'installent donc pendant cet automne d'une exceptionnelle douceur. De septembre à novembre, s'étend, sur ce plan aussi, une période de transition.
La machine de guerre des nouveaux occupants prend la mesure des lieux qu'elle ne contrôlait pas encore. L'activité économique ne pâtit guère du changement. Seules disparaissent les entreprises qui travaillaient pour la défense côtière italienne. Elles sont relayées par des sociétés venues (comme elles, d'ailleurs) de la région parisienne. Par contre, les grandes sociétés de renflouement (Ansaldo, Mario Serra et la tout aussi italienne Van Wienen) peuvent continuer à opérer en rade de Toulon, tandis que Ludwig Rottland remplace Zombramar pour les travaux de la Kriegsmarine. Ceux de la base sous-marine de Missiessy, dans l'arsenal, se poursuivent sans relâche, empiétant sur les jardins-ouvriers au grand dépit de leurs bénéficiaires. Leur achèvement est prévu pour février 1944. Cette échéance surprend les salariés qui espèrent bien être libérés à ce moment-là.
L'étau de la guerre, sous toutes les formes, s'est refermé sur le Var.
1. Répandu à Toulon, Libération n° 31 porte en majuscules : "DERNIER 14 JUILLET D'ESCLAVAGE". Tracts “Vers la victoire ” et “Demain, il sera trop tard” diffusés en août par les MUR.
2. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 17 juillet et 22 août 1943 (incident surtout si les quolibets s'adressent aux filles qui accompagnent les Italiens, ainsi à La Seyne-Mar Vivo).
3. ADV, 1 W 28, contrôle téléphonique, 30 juillet 1943, 1 W 21, Rens. gén., 24 juillet.
4 J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 96 (rapport du préfet du 27 juillet 1943).
5. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 31 juillet 1943.
6. ADV, 1 W 21, 31 juillet, 1 W 10, Pol. Draguignan, 25 juillet, 1 W 50, Saint-Raphaël, sondage d'agglomération, 23 juillet 1943.
7. ADV, 1 W 40, Cuers, où le maire, de Pierrefeu, est attaqué par la Légion (31 août et 5 septembre 1943).
8. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 7 août et 5 septembre 1943.
9. ADV, 1 W 28, interception téléphonique, 18 août 1943.
10. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 14 et 22 août 1943.
11. ADV, 1 W 46, Nans, nombreuses pièces sur ce conflit qui atteint son apogée en août 1941 pour la fête du village et la Saint-Eloi. L'abbé Crétet, trésorier de la Légion, soutien le cercle de la Concorde et le maire, ancien sous-officier, légionnaire lui aussi, est le chef de file de celui de l'Union démocratique. L'abbé est muté au Luc le 12 mars 1942.
12. Appel dans La Semaine religieuse n°19, 28 août 1943, reproduit in J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 77.
13. ADV, 1 W 21, 14 août 1943.
14. ADV, 1 W 21, 28 août et 1 W 28, contrôle postal, 30 juillet 1943.
15. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 5, 11 et 23 septembre, 1 W 28, contrôle postal, 11 et 28 septembre, 1 W 10, Pol. Draguignan, 25 septembre 1943.
16. ADV, 1 W 21, Rens. gén., rapports hebdomadaires de septembre et octobre, 1 W 23, note Rens. gén., 23 septembre, 1 W 28, contrôle postal et téléphonique, 28 et 30 septembre 1943.
17. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 5 septembre pour les premiers et 3 octobre 1943 pour la Marine.
18. ADV, 1 W 21, 25 septembre et 3 octobre 1943.
19. ADV, 1 W 21, 18 septembre et 17 octobre ; et aussi 1 W 43, Hyères, sondage d'agglomération du 23 octobre 1943 : attente de “grands événements” pour la fin octobre. La BBC aurait laissé entendre en août que tout serait terminé au printemps 1944 (1 W 21, 14 août 1943).
20. ADV, 1 W 21, 18 et 25 septembre sur les Anglais, 9 octobre 1943 pour les Américains.
21. ADV, 1 W 21, 9 et 30 octobre 1943. La police précise même que cette peur habite 50 % des bourgeois...
22. ADV, 1 W 21, 7, 14 et 22 août 1943. Les ouvriers de La Seyne voient dans l'avance russe une promesse de liberté et de vie meilleure (1 W 52, La Seyne, sondage d'agglomération, 19 novembre 1943).
23. ADV, 1 W 55, Tourves, rapport du maire, 1er novembre, qui met en rapport l'hostilité croissante au gouvernement et l'avance soviétique. Idem à Sainte-Maxime, depuis trois ou quatre mois (1 W 49, rapport du maire, même date). Popularité à Hyères aussi (1 W 13, Pol. locale, 24 novembre 1943).
24. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 28 août et 25 septembre 1943.
25. ADV, 1 W 21, 17 juillet, 1 W 69 (notamment rapport du préfet, 16 juillet) et 1 W 71 sur ces arrestations dont il n'est pas aisé de donner un chiffrage exact car les sources sont contradictoires (une liste dressée par la police donne 105 noms). Communes concernées : Ollioules (entre 23 et 27), Sanary (entre 10 et 13 arrestations), Bandol (10 ou 12), Six-Fours (six ou sept), La Seyne (un), Toulon (quatre), La Garde (trois ou quatre), La Crau (un), Le Pradet (un), Hyères-Les Salins (entre 16 et 23), Bormes (un), Fréjus (huit), Saint-Raphaël (six), Brignoles (quatre ou cinq).
26. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 7, 22 et 28 août, 1 W 14, Pol. Saint-Raphaël sur les évacuations décidées le 2 août 1943.
27. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 28 août 1943 : le préfet refuse l'affichage de cette mesure.
28. SHM, TT T 1354, 31 août, 3 et 5 septembre 1943. Les Italiens ont pris cinq bâtiments entre le 10 juin et le 7 septembre dont un sous-marin le 3 septembre, et deux torpilleurs les 31 août et 5 septembre. En rétorsion, l'amiral Bléhaut, ministre de la Marine, ordonne de cesser tout travail pour eux... sauf dans les batteries côtières.
29. ADV, 24 juillet 1943.
30. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 28 août 1943.
31. ADV, 7 août 1943.
32. P. GAUJAC, La bataille de Provence, Paris, 1984, p. 18 à 31. Ce plan, appelé Achse, est prêt depuis le 1er août.
33. ADBdR, M6 III 41, 27 août 1943.
34. ADV, 1 W 14, Pol. Saint-Raphaël, 24 septembre 1943.
35. ADV, 3 Z 4 8 : la police de Draguignan note dès le 30 juillet des efforts pour se procurer de quoi se camoufler ; 1 W 21, Rens. gén., 7 et 14 août 1943.
36. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 5 septembre 1943 (et note du 1er septembre en 1 W 23).
37. ADV, 1 W 21, 29 août : des incidents auraient eu lieu le 4 et le 28. Des coups de feu ont été entendus.
38. ADV, 1 W 23, Rens. gén., 13 septembre (autre évaluation en 3 Z 4 13, le 11 septembre, trois bataillons dans la région toulonnaise).
39. ADV, 1 W 28, contrôle téléphonique, Rapport sur les réactions de la population du Var après la capitulation italienne, 11 septembre 1943 : cette joie ne les quitte pas même après avoir été pris par les Allemands et les Toulonnais s'étonnent de voir défiler en chantant gaîment des marins prisonniers.
40. ADV, 3 Z 4 13, Pol. d'État, 9 septembre sur l'occupation de l'arsenal le 8 à 20 heures, et 1 W 21, Rens. gén., 11 septembre 1943. On ne signale que le sabordage de deux vedettes lance-torpilles le 9. Une vedette est coulée à Saint-Raphaël par deux officiers que la résistance locale fera partir en Italie (tém. S/S lieutenant Baur in SAPIN et quelques autres, op. cit., p. 378). Bien plus tard, un officier (qui avait annoncé son geste à l'avance) détruira le dépôt de munitions de Sainte-Anne d'Evenos. Sur cet effondrement à La Farlède et Solliès-Pont, J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 88 (extrait d'un rapport de la Sûreté navale du 10 septembre).
41. Dans la région de Brignoles, en gare de Gonfaron, à Toulon, etc.
42. ADV, 1 W 21 et 1 W 23, Rens. gén., 11 septembre 1943. Le 10, des jeunes gens ont crié aux prisonniers passant sur le boulevard de Strasbourg, à Toulon : “Et le 10 juin 1940 ?” . Plus tard, on signale une inscription en gare de Toulon d'où ces prisonniers embarquent : “La Corsica, Nizza, Savoia, adio” (1 W 23, 13 octobre).
43. ADV, 3 Z 4 13, Pol. d'État, 19 octobre 1943. Tém. fréquents sur l'aide apportée aux fuyards dans tous les villages. Certains individus profitent de la situation et vendent très cher (5 à 10 000 F) les faux papiers (1 W 23, Rens. gén., 30 septembre 1943).
44. ADV, 1 W 23, Rens. gén.,30 octobre 1943, appel de la Todt de Brignoles leur donnant jusqu'au 5 novembre pour venir s'embaucher sous peine d'être envoyés en Russie.
45. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 19 septembre 1943. Sur le choix offert aux soldats italiens, tém. del Vicario 1981 : au camp de La Lègue (Fréjus) où il se trouvait, aucun soldat n'a été volontaire pour continuer le combat avec les Allemands, quelques-uns ont choisi le travail en Allemagne
46. ADV, 1 W 23, Rens. gén., 13 et 20 septembre 1943 à Solliès-Pont, 1 W 10, Pol. Draguignan, 25 septembre 1943.
47. ADV, 3 Z 4 13, Pol. d'État, 9 septembre 1943.
48. ADV, 1 W 12, Pol. Hyères, rapport journalier, 28 septembre 1943.
49. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 11 septembre 1943.
50. ADV, 1 W 28, contrôle postal, 30 août 1943.
51. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 24 juillet et 1 W 88, idem, 21 juillet 1943.
52. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 24 juillet 1943.
53. ADV, 1 W 88, Rens. gén. D'où les menaces des officiers de la Todt contre le service français de la Main-d’œuvre qui n'y peut mais.
54. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 14 août 1943. L'influence de la Résistance communiste est probable.
55. ADV, 1 W 21, 11 et 26 septembre 1943 et tém. E. Baron déjà cité sur l'activité de la brigade (1 W 68).
56. ADV, 1 W 108, lettre s.d. (mais écrite en août 1943) : “je constate en premier lieu que le chiffre de jeunes gens réfractaires conduits au lycée est déplorable en rapport avec le chiffre total des défaillants. D'autre part, je souhaiterais en cas de départs importants pour le lycée, un service d'ordre capable d'empêcher les jeunes gens de s'échapper” . Il signale un déficit de 1 563 requis pour le mois d'août.
57. ADV, 1 W 8, Gend., 9 septembre où l'on conclut un peu vite que l'émotion causée par le STO est retombée parce qu'il est vu comme une “tentative désespérée pour sauver l'Allemagne du désastre” . Sur l'OPA, 1 W 68, Rens. gén., 21 août 1943 (l'un des employés répand le bruit que ceux qui ont travaillé pour les Allemands seront liquidés à la Libération).
58. ADV, 3 Z 4 13, Rens. gén., 21 octobre 1943. Les ouvriers de ses chantiers que les Allemands considèrent comme prioritaires sont privilégiés dans la mesure où même la classe 42 a pu échapper au départ en Allemagne.
59. ADV, 1 W 21, Rens. gén., rapport mensuel, 23 septembre 1943. La chute de Mussolini affecte l'image de Laval dans la mesure où on le crédite de relations personnelles avec lui.
60. ADV, 1 W 60, rapport du 4 septembre 1943, reproduit plus largement dans Le Var de 1914..., op. cit., document 67.
61. ADV, 3 Z 4 17, Pol. d'État, 2 juillet 1943.
62. ADV, 1 W 28, 28 septembre et 27 octobre 1943.
63. Les papillons menaçant les commerçants sont collés à Toulon dans la nuit du 16 juillet. La police constate la raréfaction des effigies le 24 (1 W 21).
64. ADV, 1 W 46, Méounes, Gend., 12 juillet : six garçons sont arrêtés d'origine diverse comme toujours dans les bandes de village (ouvriers, paysans, étudiants), mais la plainte est retirée à la demande du maire et 1 W 33, Aiguines, idem, 15 juillet 1943 : le bal a lieu dans une maison, le président fait couper l'électricité, alors les jeunes viennent danser sur la place et lorsqu'il intervient, ils l'entourent par une farandole endiablée, avec moqueries à l'appui ; le président en question est si impopulaire qu'il est contraint à la démission et au départ peu après. On a là deux beaux exemples de la politisation du folklore qui en d'autres temps, aurait pris pour cible quelque vieux garçon “rouspéteur” .
65. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 25 septembre 1943 (pour l'inscription tracée à Toulon) et 14 août.
66. Sur Ollioules, ADV, 1 W 46, Ollioules, rapport du 1er adjoint, 21 octobre : les ménagères réclament la suppression des achats à la propriété et l'abolition des colis familiaux qui donne lieu à un trafic scandaleux et, sur Tourves, 1 W 55, Tourves, rapport du maire, 1er novembre 1943.
67. ADV, 1 W 56, La Valette, Pol. d'État, 6 novembre. Cette manifestation a eu lieu le 13 octobre. Le différend porte sur 5 900 kg de légumes destinés à Toulon, denrée absente depuis longtemps du marché de ce centre horticole. Les manifestantes obtiennent la distribution de 500 g par personne, le restant allant à Toulon. Sur ces questions, voir notre contribution, “Le Var. La pénurie ” , op. cit.
68. ADBdR, M6 III41, préfet, 6 octobre et 1 W 21, Rens. gén., 23 octobre 1943.
69. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 30 octobre 1943 : la surexcitation pointe sous un calme apparent lorsque, par exemple, des voyageurs excédés tentent de renverser un tram à Toulon ou que des wagons de ravitaillement sont pillés.
70. ADV, 1 W 21, 11 septembre et 9 octobre 1943.
71. ADV, 1 W 60, plainte de la Légion à ce sujet le 13 septembre et confirmation du fait par le contrôle téléphonique : la population toulonnaise est mise en quarantaine (1 W 28, 30 septembre 1943).
72. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 18 septembre 1943. Le restaurant des Compagnons de France assurait 4 000 repas par jour pour des personnes à faible revenu.
73. J.-M. GUILLON, Le Var..., op. cit., document 83 : tableau de répartition du ravitaillement. Les membres du groupement d'achat des viandes démissionnent le 30 septembre.
74. ADV, sur Fréjus, 1 W 42, délibération du 1er octobre du conseil démissionnaire. Fréjus est pourtant classée en catégorie urbaine spéciale depuis un an ; sur Cuers, 1 W 40, rapport au préfet du 9 août et lettre de démission comme président de la commission cantonale d'arbitrage du 5 octobre : Cuers a reçu en septembre du pain, du sucre, 250 g de légumes secs, 100 g d'huile de tournesol (pour les non-agriculteurs). La question de l'huile est irritante dans la mesure où l'huile d'olive, réquisitionnée, part ailleurs et que celle de tournesol ne correspond ni au goût, ni aux usages. Sur La Crau, 3 Z 4 19, lettre du 14 octobre.
75. ADV, 1 W 40, Cuers, rapport à propos de la démission de ce maire, 5 octobre 1943.
76. Draguignan et Brignoles rejoignent Toulon et La Seyne dans la catégorie à suppléments nationaux. Celle à suppléments régionaux comprend désormais quatorze communes du littoral (Bandol, Sanary, Six-Fours, Le Pradet, Fréjus, Saint-Raphaël, Saint-Tropez, Sainte-Maxime, Hyères) ou ouvrières (La Valette, Le Revest, La Garde, Barjols, Carnoules).
77. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 18 septembre 1943.
78. ADV, 1 W 63, préfet, 9 septembre, 1 W 38, Carqueiranne, sondage d'agglomération, 2 octobre, 1 W 28, Rapport sur les réactions de la population déjà cité, 11 septembre 1943 : la tenue des troupes allemandes est comparée à la débandade italienne ce qui rehausse leur prestige. “L'opinion n'a pas manqué d'être frappée par l'attitude calme et imperturbable des soldats allemands..."Ils sont aussi magnifiques comme troupe que s'ils devaient entrer demain à Londres ”.
79. P. GAUJAC, op. cit., p. 20 et suivantes. L'occupation a été assurée par la 356e ID qui a été relevée du 7 au 24 octobre. La 242e ID est épaulée à l'ouest (secteur de Bandol) par la 148e ID et à l'est (secteur de Grasse) par la 244e. L'état-major de liaison (Verbindungsstab 800) est installé à Toulon où se trouvent aussi les amiraux Wever, commandant de la côte méditerranéenne, et Scheer qui était déjà le commandant de l'arsenal.
80. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 9 octobre 1943
81. ADV, 1 W 21, 7 novembre et 3 Z 4 13, 13 septembre 1943.
82. ADV, 1 W 12, Pol. Hyères, 8 octobre ; 1 W 21, Rens. gén., 25 septembre sur le mécontentement soulevé (protestations aux Arcs et La Crau). L'absentéisme atteint 50 % à Toulon et montera à 80 % après le bombardement du 24 novembre (1 W 23, Rens. gén., 28 décembre). Les punitions, assez rares, sont de peu d'effet (treize hommes du Luc et de Saint-Raphaël internés huit jours à Draguignan, le 9 novembre). Sur la façon décontractée de prendre cette garde dans un département proche, P. LAMOUR, Le cadran solaire, Paris, 1980, p. 226.
83. Sur l'action du SD de Draguignan, étude dactylographiée, non publiée, déposée au Comité d'Histoire de la 2e Guerre mondiale, 1979. Nous avons complété le travail de recensement des Juifs arrêtés, réalisé par notre prédécesseur V. Masson, et sommes arrivés au total de 136, dont 57 (42 %) en septembre-octobre 1943. Sur la situation des Juifs , voir nos contributions "Vichy et les Juifs dans le Var" , Provence Historique tome XLIX, fasc. 195-196, janvier-juin 1999, p. 253-265 et " Les Juifs dans le Var (1940-1944) " in Provence-Auschwitz. De l'internement des étrangers à la déportation des juifs (1939-1944), R. dir., Aix-en-Provence, Publications de l'Université, p. 205-220.
84. ADV, 1 W 21, Rens. gén., 22 septembre 1943.
85. H. Potez qui s'est replié dans sa propriété du Rayol-Canadel paraît avoir été arrêté le 11 septembre en tant que juif (registre d'écrou de la prison de Toulon, Mémorial du débarquement, Toulon). Il est libéré après 15 jours de prison à Marseille. Freze est arrêté le 12 octobre et Joseph Adler, retiré à Carqueiranne, dès le 25 août (mort en déportation). J. SEMPRUN a fait un portrait attachant du Dr Freze qu’il a connu en déportation
86. ADV, Cour de Justice de Draguignan, archives du SD de Draguignan. La première liste, datée du 7 septembre 1943, est en italien et comporte 41 noms de Saint-Tropez, Grimaud, Cogolin, La Croix-Valmer, Gassin, Sainte-Maxime. L'autre, en allemand, datée du 27 septembre, ne porte que sur Saint-Tropez mais distingue Juifs (10), Anglais (5), communistes (24) et gaullistes (14). Toutes deux comportent de nombreux résistants (Leibovici, Gilbert-Dreyfus, Tison, Grangeon, Battaglia, etc.).
87. ADV, 1 W 70, rapport, 24 septembre 1943. Il s'agit pour la plupart de Juifs français, souvent alsaciens. Aucune visite n'est permise.
88. ADV, 1 W 70, Rens. gén., 15 septembre et 20 octobre 1943 ; 1 W 23, idem, 19 octobre. On peut connaître la liste des prisonniers allemands de Toulon par le registre d'écrou ce qui est impossible pour ceux du SD de Draguignan, de la Feldgendarmerie de Brignoles ou de la Geheim Feldpolizei d'Hyères.
89. ADV, 1 W 117 et Cour de Justice de Toulon 7, 30 octobre 1943 sur l'attitude du maire du Lavandou, Bluzet (USR, élu en 1935, vice-président du Conseil départemental) ; 1 W 69, Sainte-Maxime, rapport du maire, 13 octobre et lettre au préfet du 16 octobre dans laquelle il se situe dans la ligne pétainiste classique : “C'est notre affaire à nous, Français, et non à la police allemande” .
90. ADV, 1 W 47, Pignans, lettre du maire au préfet, 8 novembre 1943. Sait-il qu'ils ont rejoint le maquis FTP ? Ou n'osant pas dénoncer le maquis prend-il prétexte de la présence de ces Italiens ?
91. ADV, 1 W 47, rapport, 11 novembre 1943. Même reproche auprès du capitaine de gendarmerie qui intervient pour ses hommes qui viennent d'être arrêtés.