Jean Mozzone
Eugène Mozzone
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Minuit vient de sonner à l'horloge voisine.
J'appelle le sommeil, hélas il ne vient pas.
C'est peut-être demain que l'on me fusille,
Et j'attends sans trembler l'heure de mon trépas.
Au pied de ma prison, mes parents se lamentent:
Ils crient: Rendez le moi! Lâchez notre cher fils!"
L'acte que j'ai commis, celui d'un patriote,
Est celui qu'aurait fait n'importe quel Français.
Je suis un résistant, un de ces réfractaires,
Ne voulant pas partir pour servir l'ennemi.
Et sans cesse traqué, grognant de colère,
Je voulus me venger et je fus arrêté.
Je ne suis pas bandit, ni voleur, moins encore;
C'est pour mon idéal que je me sacrifie.
Je veux savoir mourir, mourir comme mes frères,
Qui déjà de leur sang avant moi ont payé.
J'ai trouvé le moyen d'échapper à ma peine
En faussant compagnie à ces lâches bourreaux;
Rampant dans les roseaux, courant à perdre haleine,
Je parvins à semer ceux qui voulaient ma peau.
Partant pour le maquis, allant à l'aventure,
Perdu dans les grands bois et grelottant de froid,
Je maudis l'ennemi qui donne la vie dure
A beaucoup de français qui luttent pour leur foi.
Et vous mes chers parents, reprenez du courage;
Cet affreux cauchemar disparaîtra sous peu.
Et toi, celle que j'aime et qui se lamente,
Un jour je reviendrai et nous serons heureux.
Je suis seul maintenant et vivant d'espérance,
Rempli de souvenirs que j'emporte avec moi.
Je sais que je suis là pour notre pauvre France,
Qui sait bien pourtant que je suis là pour toi.
Qu'y a t'il ce matin? C'est le canon qui gronde.
En bas dans la vallée c'est nos libérateurs!
Je descends en courant, me fais donner des armes.
Le combat fait fureur, je me battrai sans peur.
Si je n'en reviens pas, êtres chers que je laisse,
Vous vous consolerez, ne pensez plus à moi.
Car j'ai fait mon devoir aux côtés de mes frères,
Et peut-être jamais vous ne verrez ma croix.
Ecrit par Louis Mozzone quelques jours avant son arrestation et sa mort et retrouvé par sa sœur derrière une tenture
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Théodore Linari
Louis Mozzone
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