les stèles
fusillés dans le Var
varois fusillés hors du Var
déportés
photo et texte de l'accueil

Jean, Eugène, Louis Mozzone et Théodore Linari


MOZZONE Jean (1896-1944), Eugène (1914-1944), Louis (1922-1944)

La famille Mozzone est l'une des familles martyrs de la Résistance varoise. Le père, né en Italie, naturalisé en 1922, est monteur électricien à Brignoles. Déplacé en mai 1940 à Guéret pour activité communiste (il a été secrétaire de cellule), astreint à résider à Saint-Raphaël jusque fin 1941, il peut revenir alors à Brignoles. Il participe à la Résistance avec les FTP-MOI et, pour le parti communiste clandestin, a des contacts avec le groupe SAP. Perquisitionné par les Allemands en décembre 1943, il est arrêté avec ses deux fils le 28 juillet 1944. Torturés, ayant avoué avoir participé à un parachutage d'armes, ils sont conduits le lendemain à la grotte, dans les Plaines de Vins, où les armes ont été cachées un moment et fusillés sur place avec un autre de leur camarade, Théodore Linari. Un square de Brignoles porte le nom de Mozzone depuis 1971.
Jean Mozzone



Eugène Mozzone


Minuit vient de sonner à l'horloge voisine.
J'appelle le sommeil, hélas il ne vient pas.
C'est peut-être demain que l'on me fusille,
Et j'attends sans trembler l'heure de mon trépas.

Au pied de ma prison, mes parents se lamentent:
Ils crient: Rendez le moi! Lâchez notre cher fils!"
L'acte que j'ai commis, celui d'un patriote,
Est celui qu'aurait fait n'importe quel Français.

Je suis un résistant, un de ces réfractaires,
Ne voulant pas partir pour servir l'ennemi.
Et sans cesse traqué, grognant de colère,
Je voulus me venger et je fus arrêté.

Je ne suis pas bandit, ni voleur, moins encore;
C'est pour mon idéal que je me sacrifie.
Je veux savoir mourir, mourir comme mes frères,
Qui déjà de leur sang avant moi ont payé.

J'ai trouvé le moyen d'échapper à ma peine
En faussant compagnie à ces lâches bourreaux;
Rampant dans les roseaux, courant à perdre haleine,
Je parvins à semer ceux qui voulaient ma peau.

Partant pour le maquis, allant à l'aventure,
Perdu dans les grands bois et grelottant de froid,
Je maudis l'ennemi qui donne la vie dure
A beaucoup de français qui luttent pour leur foi.

Et vous mes chers parents, reprenez du courage;
Cet affreux cauchemar disparaîtra sous peu.
Et toi, celle que j'aime et qui se lamente,
Un jour je reviendrai et nous serons heureux.

Je suis seul maintenant et vivant d'espérance,
Rempli de souvenirs que j'emporte avec moi.
Je sais que je suis là pour notre pauvre France,
Qui sait bien pourtant que je suis là pour toi.

Qu'y a t'il ce matin? C'est le canon qui gronde.
En bas dans la vallée c'est nos libérateurs!
Je descends en courant, me fais donner des armes.
Le combat fait fureur, je me battrai sans peur.

Si je n'en reviens pas, êtres chers que je laisse,
Vous vous consolerez, ne pensez plus à moi.
Car j'ai fait mon devoir aux côtés de mes frères,
Et peut-être jamais vous ne verrez ma croix.

Ecrit par Louis Mozzone quelques jours avant son arrestation et sa mort et retrouvé par sa sœur derrière une tenture

Théodore Linari



Louis Mozzone